Varias - souvenirs divers

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Histoires diverses

HISTOIRE VRAIE

Dans le groupe des Sociétés de la rue de Naples, figurait avant la guerre  l'Union Maritime Méditerranéenne. Cette Société possédait le "Sontay", le "bateau de la Légion". Ce navire faisait, en effet, avec l'Extrême-Orient les relèves de la Légion Etrangère. Il portait la flamme de la Légion et les Légionnaires le considéraient comme leur propriété.

Un certain jour, un Lieutenant du bord, passé plus tard dans les cadres de la Compagnie et qui avait été nommé soldat ou caporal honoraire de la Légion, s'aperçoit qu'il a égaré les clefs du coffre-fort du bord. Notre officier se creuse la tête et a tout d'un coup une idée géniale. Il prend sa plume et fait apposer dans les postes l'avis suivant :

« On demande un Légionnaire cambrioleur de profession pour ouvrir un

« coffre-fort. S'adresser au Lieutenant XXX... Discrétion assurée. Récompense :

« un litre de vin.»

Quelques instants après, un Légionnaire se présentait au Lieutenant X, se faisait confirmer que la discrétion serait assurée et... en un tour de mains, ouvrait le coffre-fort. Bien entendu, le Lieutenant X... tenait sa parole jusqu'au bout et remettait au Légionnaire, ravi, le litre de vin promis.

HISTOIRE DU NORD

par M. le Capitaine BARBU.

 

Deux goélands volaient au-dessus de l'Océan.

L'un, déjà vieux, conduisait son petit-fils dont c'était la première grande sortie.

De temps en temps, ils scrutaient la surface de l'eau, mais en vain, pas le moindre

aliment...

La faim commençait à se faire sentir.

Tout à coup, une fumée à l'horizon. Allons voir, dit le grand-père.

C'était un cargo et, sur la pomme de chaque mât, un de nos voyageurs se pose.

Au bout de quelque temps, l'animation du pont s'amplifie ; des hommes sortent

de leurs postes, se rendent au même endroit puis retournent, chargés d'ustensiles brillant au soleil.

Le vieux goéland sait ! Son air joyeux remplit d'aise le cœur de son petit-fils. Une agréable odeur montant jusqu'à la pomme du mât leur chatouille agréablement le palais.

L'attente devient longue. Dans le sillage du navire, pas la moindre épluchure, pas le plus petit bout de pain.

Alors, le vieux goéland s'envoie, se dirige vers le couronnement et revient vers son petit-fils avec un air triste et résigné; Il lui dit : Allons-nous-en.

L'arrière du navire portait ce mot : "Glasgow".

(Quelque part en mer.)

EN DESCENDANT LA SEINE

Par M. le Commandant BARBU à bord du  Capitaine Jean Fougère. 

 

Nous descendions la Seine par une belle matinée de printemps. Le spectacle était réjouissant, la campagne nous montrait ses plus beaux verts, et notre pilotin s'intéressait grandement à tout.

Fraîchement sorti du collège, il se rappelait les noms prestigieux du passé: Villequier, Harfleur, Berville, Honfleur.

L'expert de la compensation des compas était à bord pour remédier à l'effet d'une dizaine de jours de piquage de tôle au marteau pneumatique. Un peu avant la sortie de l'estuaire, il demande une clé pour desserrer les sphères des compas, et voici le pilotin fonçant vers la machine.

Est-ce similitude de prononciation : sphère, estuaire, déboucher, desserrer, ou bruits intempestifs de la machine, l'histoire ne le dit pas et n'a pu être éclaircie.

Toujours est-il que, quelques minutes plus tard, notre pilotin nanti d'une énorme clé arrive sur la passerelle ahanant et suant : mission accomplie.

L'expert s'est gratté la tête d'un air perplexe, n'ayant pas compris que notre pilotin venait d'être " victime" d'une plaisanterie classique... mais ce n'était pas fini...

Une déviation assez importante ayant été décelée au cours de la vérification, l'expert demande si quelques travaux de soudure électrique ont été effectués à proximité des compas.

Sans attendre, notre pilotin retourne dans la machine, y trouve le chef-mécanicien témoin du premier entretien, lequel lui répond :

On a bien mis quelques placards sur les manches de la chaufferie pour forcer l'air à y descendre, mais on n'a pas réussi.

Cette réponse rapportée, la passerelle fût naturellement secouée de rires énormes :

le pilotin avait payé sa dette de néophyte.

b-56/15

EN MER...

Rapporté par le Cdt BARBU

 

Il fait noir sur la passerelle, crachin, bouillasse, pas de vue.

La voix du Capitaine s'élève dans le sifflement du vent : Nous ne devrions pas tarder à voir ce feu.

L'officier de quart et l'homme de bossoir, les yeux rougis par les embruns, essayent ds percer ce voile de ténèbres.

Soudain, on entend: " Captain', j'ai vu un phare qui fermait ses yeux " ; et le bras tendu vers l'avant de l'homme de veille en indique la direction.

En mer............ 1951.

DIVERSION...

par M. R. DREAU, Chef-Mécanicien du m/s " CAPITAINE-RIO " (avril 1953)

 

Depuis des siècles, des marins ont chanté le charme des grands horizons, l'éclatement multicolore du soleil près de disparaître.

Mais l'élégance majestueuse du fin voilier rusant avec les vents n'est plus.

Ce beau souvenir a fait place au cheminement lent et obstiné du cargo poussif courant après sa marée.

Avec lui, un nouveau a mis sac à bord : le " bouchon gras ".

Pendant que la côte défile variée et pittoresque, lui, dans une tiède ambiance saturée de vapeur d'eau, parsemée d'huile et de charbon, mijote devant ses manomètres. La passerelle, impatiente d'apercevoir le pilote, a demandé « full speed » ; mais le charbon, loin d'être du pur Cardiff, refuse obstinément les ultimes calories. Le Chef de Quart, suant et huileux, se résoud alors à stimuler la chauffe... Modernes cyclopes, les trois hommes mêlés dans le même effort semblent se colleter avec un monstre.

Les foyers béants déversent des torrents de cendres incandescentes, dont les lueurs sculptent les muscles tendus par l'effort. Le charbon frais s'engouffre à grands coups de pelle.

Fourneaux refermés, d'un geste machinal du revers de la main, ils épongent la sueur qui les aveugle.

Satisfaits du travail accompli, un filet d'eau à la régalade les rafraîchit.

Scène sans grandeur, ignorée, mais pour eux cet assemblage de tôles qui les emprisonne vit de sa propre vie ; et maintenant attentifs, ils écoutent le rythme des pistons qui s'accélère.

Là-haut, l'allure du navire s'est à peine modifiée, pourtant dans le soir où s'allument les étoiles, le pilote est en vue.

 

Révision 2010-02-10

© UIM.marine - Site mis à jour le 30/10/2010   retour index principal

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