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"DIVONA" ID 1142648
L'U.I.M., à sa création, se rendit acquéreur à Anvers, à la Compagnie Van Hemeiryck, de deux cargos de tonnage inégal, le "Sierra Verde" et le "Sierra Leone" qu'elle affecta aux transports de charbon de ports anglais ou Rotterdam sur Rouen. Ce furent respectivement le "Divona" de 2.450 T. de port en lourd et le "Janine" de 3.100 T. Mais tandis que le premier était livré presque immédiatement et francisé le 15 septembre 1925, le "Janine" lui, ne fut francisé que le 5 janvier 1926, de sorte que le vieux "Divona" eût l'honneur d'être le pionnier de la Société. Lorsque M. CANGARDEL baptisa ce navire, il voulait honorer Cahors, la capitale du Quercy, son pays d'origine, dont le nom romain était Divona. Ce nom était également celui d'une divinité, laquelle chez nos ancêtres les Gaulois, protégeait les sources et les fontaines indispensables à la vie ; il paraissait donc doublement de bon augure. Notre petit cargo avait une jauge brute de 1.530 T. et avait été construit en 1918 à Dumbarton, en Ecosse, sous le vocable de "War Clyde". (Le nom de "Divona" n'avait été porté qu'une seule fois dans notre Marine Marchande, avec éclat d'ailleurs, par un grand paquebot de la Compagnie Sud-Atlantique, de 1912 à 1922). Le "War Clyde" avait 73 m 30 de long, 11 m de large, 5 m 85 de creux et un tirant d'eau en charge de 5 m 65. Quatre cales avec panneaux de bois et prélarts étaient desservies chacune par un large panneau et la machine, située au centre du navire — une alternative triple expansion de 950 CV — lui imprimait une vitesse de 9 à 10 nœuds. L'étrave était droite et la cheminée mince et très haute. Les officiers logeaient dans de petites cabines et aucun, à part le Commandant, ne disposait de bureau. L'eau n'était courante qu'à la condition de courir avec son seau, car il fallait aller chercher son seau, et bien sur pas d'eau chaude. Que fut la vie de cet humble serviteur ? Sans histoire et toute de labeur à coup sûr, car il accomplit sa tâche, ingrate et dure parfois, toujours à la satisfaction de tous. Les événements de 1940 cependant, devaient mettre un terme à sa navigation traditionnelle. Replié sur Marseille, il assurait avec les quelques cargos qui nous restaient, un paisible service entre les ports du Midi de la France et ceux de l'Afrique du Nord, lorsque survint la date tragique du 21 octobre 1941. Se trouvant ce jour-là sur la côte tunisienne, au large de Nabeul, en route vers Sfax avec un chargement de ciment, il fut soudain attaqué, par méprise sans doute, par des avions alliés qui décimèrent son équipage et incendièrent le navire. Grâce au courage de tous et au sang-froid du Commandant, le pire fut évité. On réussit à échouer le navire à la côte, à débarquer les blessés et à éteindre l'incendie(*). Par la suite le "Divona" put être remis à flot et remorqué dans le port de Sousse en piteux état, enfin conduit à Bizerte pour réparations. C'est là que je le vis pour la dernière fois, en Juin 1942. Quelques mois plus tard, au moment du débarquement allié en Afrique du Nord, le "Divona" se trouvait toujours en réparations à Bizerte ; il y fut sabordé en plein chenal et perdu cette fois définitivement. Ainsi s'acheva la carrière du "pionnier", après 17 années de "bons et loyaux" services sous le pavillon de l'U.I.M. Mais son souvenir n'est pas tombé dans l'oubli, un nouveau "Divona" étant venu, dès la reconstitution de la Flotte, maintenir, avec ce nom, les heureuses traditions de l'aîné, qui sont celles de la Société. Pierre GRIFFE & souvenirs divers anciens. U.I.M. B-58/23
(*) Mr Jean GUTIERREZ (1899-1941), chauffeur du "Divona" est décédé lors de l'attaque du 21 Octobre 1941 sur les côtes tunisiennes. Le capitaine GIRARD assura, avec son commandant, l'évacuation des victimes : 8 morts et 4 blessés graves, et revint à bord pour éteindre l'incendie.
1924, Novembre, Port de Rouen, Le Seven, commandant, Le Borgne, chef mécanicien, récompensés pour la bonne tenue du navire.
1927, mars, Le steamer "Capitaine Augustin", et le steamer "Divona", tous deux des Armateurs Français, déchargent à Cherbourg, le premier 4.400 tonnes, le second 2.200 tonnes de charbon pour les chemins de fer. (Ouest-Eclair, 1927-03-18).
1928, janvier, Londres, 7 janvier, On mande de Londres que le vapeur français "Dorine" en partance pour l'étranger, à du retourner à Hambourg avec des avaries. (Ouest-Eclair, 1928-01-08).
1931, Avaries en mer. 31 janvier, Nous disions hier que le vapeur "Divonna" de la Société des Armateurs Français, avait été rencontré par le chalutier "Passereau" avec des avaries de gouvernail, mais que son capitaine comptait pouvoir réparer par ses propres moyens. Un radio arrivé hier après midi a fait connaître que le "Divonna" pris en remorque par l' "Iroise", de Brest, fait route sur Cherbourg où il a du arriver dans la soirée ou la nuit. (Ouest-Eclair, 1931-01-31).
Le vapeur "Divona" rejoint Le Havre par suite d'avaries; Le Havre, 31 janvier. Allant de Dielette à Manchester, est en difficultés par suite d'avaries de gouvernail et en situation critique par 49°52 N et 2°40 O, les navires "Ostrevent" et "Henry Mory" se trouvant dans les parages ont ordre de le rechercher. Le remorqueur "Iroise" part en assistance, le retrouve selon les indications à lui communiquées par "Henry Mory", lui passe la remorque au large des Gasquets et, vu l'état de la mer et la violence du vent la tempête faisant rage, ne pouvant le ramener à Cherbourg fait route sur Le Havre où il arrive le 1er février 1931. Le "Divona" fut ensuite entré au port par deux remorqueurs; il a depuis, été placé sur socle flottant d'où il sortira lundi matin. L' "Iroise" est reparti pour Brest d'où il doit remorquer le steamer "Penchateau" à Saint-Nazaire. (Ouest-Eclair, 1931-02-01)
1932, Collision. Le 11 octobre 1932, une collision eut lieu au large de la côte de la chambre d'Amour entre le suédois l' "Eros" et le vapeur français "Divona", faisant tous les deux route de Saint-Jean-de-Luz à Bayonne.
1933, Arrivé à Saint-Nazaire le 10 avril, en provenance de La Pallice, sur lest, pour faire réparer ses chaudières. reparti le 11 au matin. (Ouest-Eclair, 1933-04-11).
1934, Visite de classification : Remplacé une tôle d'étrave. Changé 700 rivets. Piquage des 4 cales, passé 2 couches de minium et 1 couche de noir. Piqué et cimenté les peaks AV et AR. Piqué et peint la soute. Dans la cale 1, remplacé 2 serres et redressé 12 membrures ; dans la cale 2, remplacé 13 goussets et redressé 8 membrures ; dans la cale 3, remplacé 1 tôle de tunnel de 7 m x 1,40 m, redressé 2 autres tôles et 6 membrures. Remplacé 40 m2 à la cloison entre cales 1 & 2, et 30 m2 entre cales 3 & 4. Remplacé au plafond de ballast sous chaudières : 7 tôles, 6 varangues, 14 intercostales, et recouvert de bitumastic solution. Renforcé les chaises 3 & 4 du tunnel. Alésé cylindre HP et dressé la glace BP. Remplacé 60 tubes condenseur.
Rendement vitesse/consommation. Consommation au port en légère augmentation. Consommation en mer diminuée. Consommation par mille satisfaisante. Bon rendement du navire.
1935, Visite annuelle : Visite de l'arbre porte-hélice. Remplacé le gaïac. Remplacé 4 manches a air. Remplacé et redresse 5 tôles de gaillard. Machine : alésé cylindre HP. Remplacé les plongeurs alimentaires.
Rendement vitesse/consommation. Consommation au port et à la mer en diminution. Excellent rendement.
1935, Collision. Londres. le 1er novembre. (De notre correspondant spécial). Le cargo français "Divona" est entré en collision dans le port d'Antwerp avec le chaland Titus. Ce dernier a coulé. Le "Divona" a eu son hélice endommagée. (Ouest-Eclair, 1935-11-02).
1936, défectuosités constatées au 1er janvier : Trois haubans avant à remplacer. Tôles d'entourage de cheminée en mauvais état. Cheminée affaiblie, prévoir le remplacement de 6 tôles. Presse-étoupe de jaumière trop faible, a constamment du jeu. Tige de tiroir MP usée, à remplacer. Mauvais état du calorifuge des chaudières et du tuyautage. Les foyers centraux des chaudières sont fendus et amincis, prévoir leur remplacement. Mauvaise disposition des pipes d'extraction.
De février à avril 1940, chef mécanicien M. Jean Yves Moullec, muté de "Richebourg", sera muté sur "Marie Dawn".
Attaqué par 3 avions britanniques au large des côtes de Tunisie. Désemparé, le "Divona" s'échoua sur la côte à Nabeul et après avoir assuré l'évacuation des morts et des blessés le Capitaine GlRARD, second capitaine, retournait sur son navire pour éteindre l'incendie qui faisait rage à bord. (8 morts et 4 blessés graves) "Divona" est sérieusement endommagé et remorqué à Sousse. 1942, réparations à Bizerte.
1946, octobre, considéré comme non renflouable, il est démoli.
Souvenir du "Divona" alors sous le commandement du Commandant Allain. Le "Divona" avait à l'époque un bosco solide et bien planté : 1 m 83, 85 Kgs, 35 ans et célibataire. Le navire se trouvait à Rouen, rive gauche, et placé derrière un sister ship anglais. L'histoire se passe entre 24 h et 2 h. Le bosco monte la planche (il n'y avait pas de passerelle de 1ere classe à cette époque) voit la cuisine allumée et un brave type couché sur la banquette (en bois). Tout étonné et un peu euphorique car il avait bu quelques litres, il dit au gars : — Qu'eque tu fous dans mon batiau? L'autre se réveille difficilement et en bon anglais lui répond : — I am sorry Sir, but I am in my own ship,... yours is ahead! Souvenirs du Commandant DROGUET
SS DIVONA
1942, de
Sousse remorqué à l'arsenal de Sidi-Abdallah à
Bizerte. Était presque remis en état lorsque la
coque fut sabordée par les Allemands lors du
débarquement allié en novembre 1942.
Révision 2012-06-03 |
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