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"MADELEINE" ID No: 5602919
Entré à la société Les Armateurs Français en 1924, acheté à la Compagnie des Chemins de Fer du Nord.
1928, ARRIVAGE DE SEL. Saint-Malo, 16 janvier. Le vapeur "Madeleine", du port de Caen, est arrivé à Saint-Malo, venant de Setubal, avec 2.800 tonnes de sel pour l'armement terre-neuvier. (Ouest-Eclair, 1928-01-17).
1929, Brest, le 2 février, Emile Bouétard, âgé de 14 ans, embarque comme mousse sur "Madeleine"; ayant rejoint les Forces Françaises Libre en 1943, il s'engage dans les F.A.F.L., il sera le premier soldat allié (caporal parachutiste S.A.S.) tombé dans l'opération du 6 juin 1944 (parachutage sur Plumelec en Bretagne). Londres, 20 mars. Le vapeur anglais "Malachite", qui se rendait de Southampton à Hambourg, annonce qu'il est entré en collision aujourd'hui près de Dungeness avec le vapeur français "Madeleine", qui se rendait à Rotterdam. Le "Malachite" est avarié et le vapeur "Madeleine", dont la proue est endommagée au-dessous de la ligne d'eau, a mis l'ancre à Dungeness et continuera son voyage quand le brouillard se sera dissipé. (Ouest-Eclair, 1929-03-21).
1930, vendu à M. Léon Poret, armateur à la grande pèche à Boulogne. 14 juin, Le vapeur "Madeleine", transformé, est parti hier de Fécamp pour le Groenland. (Ouest-Eclair, 1930-06-15). Novembre, Le vapeur "Madeleine" est arrivé à Saint-Malo venant du Groenland avec 14.000 quintaux de morue environ. Il a débarqué à Saint-Malo 50 hommes de son équipage avant de repartir pour Fécamp son port d'armement. (Ouest-Eclair, 1930-11-07).
1931, Saint-Malo, 4 décembre. La revue de désarmement du vapeur "Madeleine" aura lieu le 9 décembre à la Marine de Saint-Malo. (Ouest-Eclair, 1931-12-05).
1933, sombra le 22 mars près du bateau-feu Terschelling, au large des côtes hollandaises. UN VAPEUR FRANÇAIS COULE, L'équipage est sauvé.
AMSTERDAM, le 23 mars. Le vapeur
français "Madeleine" de 1.097 tonnes a coulé à 70 milles au
Nord-Ouest de l'ile Terschelling. L'équipage composé de 63 hommes a pu
être sauvé par un bateau hollandais La cause du sinistre n'est pas
encore connue mais il parait vraisemblable que le naufrage a été précédé
d'une collision avec un autre navire. La "Madeleine" avait
Boulogne comme port d'attache et d'armement. (Ouest-Eclair, 1933-03-24). *** Dans le Bulletin U.l.M. de Septembre 1961, un ancien Capitaine de la Compagnie, le Commandant DROGUET raconte, dans un vieux souvenir datant de décembre 1925, une anecdote se rapportant à une escale forcée de "Madeleine" entré à Brest après avoir été durement éprouvé dans le Golfe de Gascogne par la tempête.
Un vieux souvenir du "Madeleine". Partis le 26 décembre 1925 de Tonnay Charente avec un chargement complet de cendres de pyrites, nous nous sommes retrouvés après trois nuits de brume rôdant dans l'Iroise... nous avons finalement réussi à rentrer à Brest avec 35° de gîte sur bâbord et le panneau 2 (en bois) enfoncé. Je me souviendrai toujours de l'exclamation du Commandant HENRY, arrivé le lendemain matin, me disant : — Eh bien! on dirait un bateau qui revient après deux ans de pêche en Islande !
Il y a une autre histoire qui se broche là-dessus : Iroise — Capitaine MALBERT me demandant si je voulais assistance. J'ai refusé! Ceci se passait fin décembre 1925. Par la suite, j'ai eu la chance d'être adjoint au Commandant MALBERT à La Pallice. Combien de fois ayons-nous parlé de mon refus d'assistance pour l'Iroise... et combien de fois MALBERT m'a traité de... ça, c'est de la voile ! Souvenirs du Commandant DROGUET
J'étais moi-même dans les parages à cette époque à bord du vapeur de 6.500 t "Havraise" de la COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE en route de Pauillac à Madagascar et, tout comme le "Madeleine" nous avons pu de justesse rallier le port avec 27° de gîte, le panneau 1 défoncé, les embarcations arrachées et les superstructures en parti démolies. Je me souviens donc parfaitement de ce compagnon d'infortune dont je vais essayer de retracer l'histoire mouvementée, pour les Anciens des "Armateurs français", Société à laquelle a appartenu le "Madeleine". M. Louis LARUE, Importateur de charbon à Caen, possédait au début de ce siècle, quelques cargos spécialisés dans le trafic des charbons anglais. D'abord baptisés de noms de "saint" (Saint-Rémy, Saint-André) ces petits cargos portèrent ensuite des prénoms féminins. C'est ainsi qu'en 1907, un nouveau charbonnier acheté sur cale à Rotterdam prit le nom de "Madeleine" C'était un robuste vapeur de 1.650 t DW à un pont, du type "Welldeck", à gaillard avec roof central réuni à la dunette, de 1.097 T x de jauge brute, 70,15 m de long, 10,35 m de large et 4,60 m de tirant d'eau en charge. Il avait 4 panneaux de cales de 8,90 m sur 6,75 m et sa machine alternative à triple expansion d'une force de 700 CV lui faisait filer ses bon 10 nds. Mais à cette époque Louis LARUE passa sa flotte à un nouvel armateur de Caen, Fernand BOUET*, lequel recevant le navire neuf à Caen le 2 décembre 1907 - son premier navire - le baptisa en grande pompe au cours d'une touchante cérémonie suivie par un grand concours de population. Devenu ainsi "chef de file", "Madeleine" fut suivi de quelques dix "sisters" portant tous également le prénom de nos compagnes "Fernande", "Thérèse", "Germaine", "Renée-Marthe", etc., puis après la guerre de 1914-1918 par cinq autres, un peu plus grands: "Française", "Caennaise", "Nantaise", "Honfeuraise" et "Rouennaise". Ces derniers devaient finalement être incorporés dans la flotte de la Caennaise à la liquidation de l'Armement BOUET en 1935. Mais le "Madeleine" avait déjà depuis longtemps quitté le charmant " pensionnat de jeunes filles " - comme les vieux Capitaines de la maison nommaient familièrement l'Armement BOUET - ayant été acquis dès 1912 par Georges FAUSTIN, Armateur à La Rochelle. Ses voyages de charbon le conduisirent cette fois aux ports de l'Atlantique avec retour en minerai espagnol sur l'Angleterre. Au cours de la guerre, en 1917, quand les Compagnies de Chemins de Fer créèrent leur propre flotte de charbonniers pour le transport du combustible dont elles avaient le plus impérieux besoin, le "Madeleine" fut acheté par la COMPAGNIE DU NORD avec CALAIS pour port d'attache. Par un véritable miracle, il termina heureusement la guerre " sans une égratignure ", malgré une navigation intensive effectuée dans des parages aux dangers incessants. C'est en 1924 que le "Madeleine" remplacé par le "Capitaine Illiaquer" du type "député" fût vendu aux ARMATEURS FRANÇAIS; ses voyages en furent modifiés car le sel, les pyrites, les phosphates, les bois de mines, alternèrent avec les charbons et les minerais et c'est Rouen, fief de la Société, qui devint son port tête de ligne. Le " Madeleine" continuait sous ses nouvelles couleurs une navigation heureuse quand il fut victime d'une tempête qui aurait pu lui être fatale! Le baromètre descendit cette fois-là jusqu'à 719 m/m - véritable phénomène dans nos parages - c'est dire la puissance de la dépression qui ravagea les côtes bretonnes et anglaises, leur occasionnant des dégâts et des sinistres, empêchant notamment tout ravitaillement de l'Ile de Sein durant trois longues semaines !... Notre vapeur parti de Tonnay-Charente le 26 décembre 1925 avec un complet chargement de cendres de pyrite, se trouva dès le débouché de Chassiron aux prises avec la tempête. C'est après trois jours de lutte dans une mer énorme, qu'il pu non sans peine se réfugier à Brest le 30 décembre avec une gîte impressionnante, remorqué par le "Rapide" de la Compagnie Brestoise et assisté par le remorqueur "Iroise". Il était dans un état tel que le Chef d'Armement accouru de Paris, ne put s'empêcher de dire au Commandant à son arrivée à bord: " Eh bien ! On dirait un bateau qui revient après deux ans de pêche en Islande !" Par la suite, le sort s'acharna encore sur le "Madeleine". Il coula sur rade de Barry Docks, le bateau-pilote "Violet" bien qu'il n'y eût aucune faute de sa part - 1er septembre 1927 - et le 20 février 1929 le cargo anglais "Malachite" qui se rendait de Southampton à Hambourg câblait qu'il était entré en collision avec le "Madeleine" en route vers Rotterdam. L'abordage eut lieu par brume épaisse dans le Pas-de-Calais, mais le Cargo français dont la coque souffrit de cet accident, pu continuer sa route. En 1930, en raison de son tonnage trop petit, LES ARMATEURS FRANÇAIS le vendirent à M. Léon PORET, Armateur de Grande Pêche à BOULOGNE. Celui-ci, après transformations, l'affecta au dur métier de chasseur dans les mers arctiques, chargé du ravitaillement en sel et en combustible des grands chalutiers sur les lieux même de pêche, puis d'amener leurs poissons en France. Pour son premier départ il a quitté Fécamp le 13 juin 1930 pour le Groenland. Le 7 novembre 1930 il était de retour à Saint-Malo, venant du Groenland, avec 14.000 quintaux de morue environ. Il a débarqué à Saint-Malo 50 hommes de son équipage avant de repartir pour Fécamp son port d'armement. Mais le petit cargo arrivé à l'âge mûr ne devait pas longtemps effectuer cette pénible navigation. Le 22 mars 1933 il sombra, probablement à la suite d'une voie d'eau, près du bateau-feu de Terschilling, au large des côtes hollandaises, alors qu'il rentrait d'une de ses missions. 53.50N/3.50E. Ainsi se termina brusquement la carrière très active de ce dévoué serviteur, lequel, durant plus d'un quart de siècle avait animé, de sa silhouette qui nous était devenue familière, notre littoral de Dunkerque à Bayonne, d'une façon tourmentée, certes, mais toujours sans reproches. B-63/37, P. G.,révisé M.P. 2008-2009.
* En 1903, Fernand Bouet crée son armement : Armement BOUET Fernand. En 1914, l'armement possède 8 navires. En 1934, l'armement est dissous. La Société Navale Caennaise rachète les navires (La Société navale caennaise - G. Lamy et Cie est créée en janvier 1903 par la famille Lamy, ainsi que par d'autres négociants et armateurs caennais).
"Madeleine", petit caboteur à un pont, navire de l'armement Bouet, baptisé lors de sa première escale à Caen, sur lest, le 25 décembre 1907.
Acheté par les Armateurs Français, en 1924, à la Compagnie du Nord. Révision 2012-06-03
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