Cargos du passé - C.C.T.M.

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"CAPITAINE ARSENE GUILLEVIC" ex "OSTREVENT "  ID No: 1167811

"Ostrevent" pris le nom "Arsène Guillevic" afin de rappeler le souvenir d'un valeureux Capitaine de l' U.I.M. qui commandait le "Quiberon", disparu en Mer du Nord le 19 janvier 1940, alors qu'il se trouvait de nuit en queue de convoi, au cours d'une violente tempête de neige, par torpille ou mine, on ne le sut jamais. Arsène Guillevic, héros de la guerre 1914-18 n'a jamais transigé avec le devoir. Il était le gendre de M. Perhérin, chef mécanicien, cadre de la compagnie pendant de nombreuses années.

 

La bien connue "Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Denain et Anzin" possédait à ses débuts sa propre flotte de cargos qui lui amenait à Dunkerque les minerais d'Espagne nécessaires à son exploitation. Cette flotte comprit d'abord les "Routegui" "Cadigal" "Galindo" et "San Martin" de 1.500 T. D.W. chacun, noms bien caractéristiques de la Péninsule et familiers des marins qui nous ont précédés dans le métier. Il y eut ensuite le "Saint Pierre" acheté en 1897 - le premier cargo de la Société Navale de l'Ouest datant de 1880 - et enfin pour remplacer ces cargos naufragés ou rendus à bout de bord, deux beaux navires modernes de 3.500 T.D.W. les "Saint Eloi" et "Sainte Barbe". Ces derniers avaient été construits par les Chantiers de France à Dunkerque respectivement en 1909 et 1914, mais ils furent torpillés au cours de la guerre 1914-1918 par des sous-marins allemands.

C'est en compensation de l'un d'eux que la Société des Hauts Fourneaux & Aciéries de Denain et Anzin commanda au chantier Worms et Cie, Le Trait, après cette guerre, un deuxième "Saint Eloi" d'un port en lourd de 2.311 T. ; mais en cours de construction son nom fut changé en celui d' "Ostrevent", rappelant ainsi ce petit pays de l'ancienne Gaule formé des vallées de la Scarpe et de la Sensée et de la plaine qui s'étend entre ces vallées jusqu'à l'Escaut. C'est précisément la région du département du Nord où se situent les villes de Denain et d'Anzin.

Lancé sur la Seine en Septembre 1925, "Ostrevent" avec ses 4 grands panneaux de cales de 10 m. X 7 m. 50 était un intéressant caboteur dont les caractéristiques étaient les suivantes: longueur 80 m., largeur 11 m. 55, jauges 1.737 tx/916 tx, tirant d'eau en charge 5 m. 15. Une machine alternative triple expansion développant 850 CV alimentée par deux chaudières cylindriques construites par Worms & Cie  lui donnait une vitesse de 11 noeuds pour une consommation de 15 t 5 de charbon. L'effectif comprenait 24 hommes tout compris, avec chauffe au charbon.

La Société de "Denain et Anzin" cependant ne mit pas son nouveau cargo aux transports de minerai quand il lui fut livré quelques jours après son lancement, car elle avait depuis la fin de la guerre de 1914, passé des marchés avec les armements spécialisés en transports de pondéreux. L' "Ostrevent" fut affecté au cabotage international dont le charbon anglais sur la France avec retour en poteaux de mines et les diverses d'Algérie avec retour en fûts de vin, comportèrent sa principale activité.

Cette société fit construire au même chantier un sister ship d' "Ostrevent" qui fut racheté sur cale par la Cie Delmas Frères & Vieljeux qui lui donna le nom de "Lucie Delmas" et qui se perdit au large de Penmar'ch le 20 octobre 1937.

 

1926, Armé par le Consortium Commercial de Transports Maritimes (S. A. de Navigation Les Armateurs Français) à Rouen - Identification O U D M - Port d'attache Rouen.

 

1929, L' "Ostrevent" manquait de charbon .
Brest, 10 mars. L'Ouest-Eclair a relaté hier que l' "Iroise", répondant à un S/O/S. s'était porté au secours du vapeur français "Ostrevent" qui était en panne par 48- 2' n et 5° 24' ouest.
L' "Ostrevent" manquait de charbon mais un vapeur français, le "Mascara", qui croisait dans les parages, vint lui donner le combustible dont il manquait l' "Iroise" est rentrée au port dans l'après-midi.
(Ouest-Eclair, 1929-03-11).

Le Havre, 14 mars. Le steamer "Ostrevent" s'étant trouvé à court de charbon, avait été ravitaillé en pleine mer. Il est passé sur rade Havre hier continuant sa route pour Rouen.  (Ouest-Eclair, 1929-03-15)

 

1930, Emile Bouétard, âgé de 15 ans, embarque comme mousse sur "Ostrevent"; ayant rejoint les Forces Françaises Libre en 1943, il s'engage dans les F.A.F.L., il sera le premier soldat allié (caporal parachutiste S.A.S.) tombé dans l'opération du 6 juin 1944 (parachutage sur Plumelec en Bretagne).

 

1931, Fin janvier, avec "Henry Mory",  participe à la recherche du "Divona" en avarie de gouvernail au large des Gasquets qui, après avoir été trouvé par "Henry Mory", sera pris en remorque par "Iroise" qui le ramènera  au Havre.

 

1934, armé par le Consortium Commercial de Transports Maritimes (Union Industrielle & Maritime) à Paris - Indicatif radio F N C C.

Pas d'arrêt technique en 1934.

Rendement vitesse/consommation. Consommation au port trop forte. Consommation à la mer diminuée légèrement. Bon rendement.

 

1934, Un vapeur dans la tempête. le vapeur "Ostrevent" jaugeant 915 tonneaux, commandé par le capitaine Ange Aillet, avait quitté Dunkerque le 17 mars à 23 h 30 à destination de Cherbourg. Au matin du 18, la brise fraîchit et la mer devint très grosse. Pendant toute la traversée, le navire dut lutter contre une violente tempête; il tanguait fortement et de gros paquets de mer embarquaient fréquemment sur les panneaux. dans l'après midi, le hublot tribord avant fut défoncé et dut être condamné.

Après avoir  mouillé en petite rade de Cherbourg, le 19, à 5 h 45, le capitaine constata qu'il existait une rentrée d'eau dans la caisse à eau tribord arrière. Le capitaine a déposé un rapport de mer au greffe du tribunal de commerce. (Ouest-Eclair, 1934-03-21).

 

Avril, Réarmement,

Saint-Malo 20 avril. Le vapeur "Ostrevent" désarmé depuis quelques semaines dont le port de Soint-Malo et expédié a la Marine, en vue de son départ pour Calais où il va prendre un chargement de charbon.

On sait que l' "Ostrevent" est commandé par un malouin le capitaine Aillet.  (Ouest-Eclair, 1934-04-21)

 

1935,

dans le courant de l'année, a été désarmé 43 jours.

Arrêt technique en 1935. Reclassification :

Piquage et miniummage des 4 cales.

Visite arbre porte-hélice.

Changé 150 rivets quille de roulis.

Calfatage 450 m. de passerelle.

Machine ; alésé cylindre MP. Segments DAROS fournis pour MP et BP. Remplacé tige tiroir BP.

 

Rendement vitesse/consommation. Consommation au port diminuée, de même que la vitesse en charge. Assez bon rendement.

 

1936, défectuosités constatées  au 1er janvier :

Rivetage de la coque douteux, particulièrement à l'exposant de charge, et dans les cales à eau. Pavois et jambettes déformées. Hilaires de panneaux cintrées. Payol réparé, mais en mauvais état général. Déformations du tunnel. Colliers d'excentrique HP et MP marche AV uses, à réantifrictionner lors de la prochaine visite.

 

1939, le cargo fut acquis par le "Consortium Maritime et Commercial", Société qui venait de se créer à Paris, 55, rue de Châteaudun, une filiale de l'U.I.M. Celle-ci d'ailleurs en fut l'Armateur gérant; l' "Ostrevent" porta ses couleurs et fut incorporé dans ses lignes traditionnelles.

03 septembre 1939, Se trouve à Cherbourg où il est pris en charge par les Transports Maritimes jusqu'à fin mai 1940.

17 décembre 1939, Se trouve mouillé au poste d'attente des convois à l'entrée de la rivière Humber, à un mille à l'ouest de la pointe Spurn (GB), avec sept ou huit navires. Vers 16 heures, un bombardier allemand largue deux bombes à cinquante mètres à tribord puis fait demi-tour dans l'axe de mouillage des navires. L'équipage, aux postes de combat, met la mitrailleuse en action tandis que l'avion largue trois nouvelles bombes à 100 mètre à l'avant du navire, sans dommage.

 

1940-1945,

 

1940,

mai 1940,  Armé de 2 mitrailleuses de 13,2 mm, appareille de Cherbourg avec du ravitaillement pour Dunkerque. Il ne gagnera jamais ce port après son arrivée aux Dunes le 2 juin 1940.

Lors de l'avance allemande, en juin 1940, sous le commandement du capitaine Emile LAVUEC notre cargo réussi à quitter le port de Rouen menacé par l'Armée allemande.

11 juin 1940,  Participe à l'évacuation du Havre en embarquant 2 600 personnes.

16 juin 1940,  Appareille de Brest, sous le commandement du CLC Emile Lavuec, à destination de Barry Docks où il arrive le 17 juin 1940.

17 juillet 1940,  réquisitionné par les Autorités Britanniques à Milford Haven - Le commandant, cinq officiers et quatorze hommes rallient la France Libre.

18 juillet 1940,  Géré par Shamrock Shipping Co à Belfast - Indicatif radio G M V N - Port d'attache Cardiff (GRANDE BRETAGNE).

août 1940,  Armé par les Forces Navales Françaises Libres (FRANCE).

 

1941,  

Carénage à Cardiff du 4 au 22 mars 1941.

09 mai 1941, Attaqué à 00 h 15, au large du bateau-feu d'Helwick, par un avion allemand qui largue une bombe par le travers de la cale 3. A 00 h 20, l'avion largue une nouvelle bombe à bâbord, évitée grâce aux manœuvres en zigzag du CLC Droguet, A 00 h 30, le chef mécanicien prévient d'une importante voie d'eau qui ne sera enrayée que vers 02 h 00. Parvient à gagner Milford Haven pour la pose d'un batardeau afin de décharger son charbon à Liverpool puis de se diriger sur Cardiff pour y être réparé.

Carénage à Cardiff du 30 mai au 21 juin 1941.

 

1942, Carénage à Cardiff du 27 mars au 4 mai 1942.

 

1943, Carénage à Barry du 25 janvier au 14 février 1943.

 

1945,  S'échoue dans la nuit du 3 au 4 juillet près de Liverpool. Sérieusement endommagé, nécessite un passage au bassin et une longue immobilisation.

"D'après ce que j'ai pu savoir, l' "Ostrevent" était affecté au trafic des pondéreux entre la Manche de Bristol et la Clyde. Il avait à bord, outre le Capitaine DROGUET et M. ROUSSEL, le Chef-Mécanicien HONORE.

Dès 1940, l' "Ostrevent" navigua sans relâche, toujours dans le même secteur et était considéré dans la marine anglaise comme le "coq" de sa catégorie, volontaire dans toutes les sorties périlleuses et pratiquement sans arrêt ; Jusqu'au jour proche de la fin de la guerre où, pris dans une série de brume, il s'échoua gravement à l'entrée de la Manche de Bristol et fut ramené à Cardiff ; aucune réparation n'était possible à l'époque, l'étambot était cassé, l'hélice et le gouvernail arrachés. Il resta donc ainsi jusqu'après l'armistice et fut rendu à la Marine Française dans ces conditions. Ici se placent quelques petites anecdotes piquantes, car les aventures étaient à la mode et c'est peut-être une des raisons valables de l'héroïsme de l'équipage, car ils furent vraiment et de l'avis de tous les gens de Cardiff, des héros ! "(Souvenirs A. QUIBEUF)

 

1946, "Ostrevent" fut remis à son Armement.

"C'est à cette époque de que, d'accord avec la Marine Marchande, je me rendis à Cardiff, accompagné de M. PERGELINE de Nantes, pour juger des possibilités de réparations ; ce que nous avons estimé très possible, surtout qu'on avait pu récupérer la partie d'étambot cassée. Restait la question du remorquage jusqu'à Nantes, ce qui fut fait peu après avec une simple relâche à Brest... mais sans histoire désagréable."

"Le navire fut réparé aux Chantiers de la Loire, mais sous directives et conduite C.N.C.R., et le mauvais état général dans lequel il se trouvait nous incita à des transformations d'emménagement correspondant aux nouveaux effectifs de la chauffe au mazout, ce qui en fit une unité modernisée et très valable pour l'époque." (Souvenirs A. QUIBEUF)

"CAPITAINE ARSENE GUILLEVIC"

1947, 08 août,  Cité à l'Ordre de la Division - Décoré de la Croix de guerre avec étoile d'argent

Sorti indemne de la grande hécatombe de 1940-1945, l' "Ostrevent" rallia son pays où il fut l'objet de la citation suivante :

{Cargo "Ostrevent" n'a cessé de naviguer durant toute la guerre au service de la France et de ses Alliés.

Il contribua ainsi à l'effort commun jusqu'à la Victoire.}  "Croix de Guerre avec étoile d'argent."

Remis en état et modernisé aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Nantes en 1946-47, il prit alors le nom de "Capitaine Arsène Guillevic" afin de rappeler le souvenir d'un valeureux Capitaine de l'U.l.M. qui commandait le "Quiberon", disparu en Mer du Nord le 19 janvier 1940, par torpille ou mine, on ne le sut jamais.

 

Les voyages étaient Rotterdam, Le Havre ou Rouen, parfois même Saint-Malo avec des escales assez longues les ports n'étant pas encore complètement reconstruits et l'outillage manquait.

 

1951, En février, à Bordeaux, de retour de Setubal, il fut vendu au "Shamrock Shipping Co" de Larne (Irlande) - armateurs qui le connaissaient bien car ils l'avaient eu en gérance pendant les années 1940-1945 - et prit le nom de "Glynn". Sa radiation de la flotte de l'U.l.M. se justifiait à la fois par son trop petit tonnage et par son rayon d'action qui le cantonnait dans les courts trafics si fortement diminués.

 

Avec le nouveau nom de "Tarsis", un an plus tard, il passa sous pavillon finlandais et, continua son métier de charbonnier, de minéralier et surtout de transporteur de bois. Armé par C. H. Ericsson,, Helsinki.

 

"Tarsis", (1952–1959). Indicatif OFRK.

Port Immatriculation Helsinki n° 1096. Port d'Attache Helsinki.

Owner 1952-1953, Ab Anchor Shipping Co Oy. (Christoffer H. Ericsson, Helsinki, Snellmanink. 19.)

Owner 1954-1959, Ab Anchor Shipping Co Oy. (Christoffer H. Ericsson, Helsinki, Unionink. 24.)

 

"Ostrevent" fut finalement vendu à la démolition à Lübeck en août 1959. 11/09/1959 arrived Lubeck for breaking up.

Il avait 34 ans d'âge, ce qui est tout de même respectable pour un cargo....

Sources : b-UIM-61/31, Archives UIM, Souvenirs M. Quibeuf, Cdt P. Griffe, Cdt le Mouellic, révisions M.P. 2007-2009,

http://kauppalaiva.nba.fi/card.php?id=869&lang=en

 

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Salon du Commandant

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Passerelle

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Poste équipage

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Une cale

 

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