Cargos du passé - U.I.M.

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"PAUL DE ROUSIERS"  ID No: 5333866

Paul de Rousiers, qui a donné son nom au navire, est né le 16 janvier 1857, et décédé le 24 mars 1934. Economiste, il fut professeur à l'école libre des Sciences Politiques, en particulier chargé du cours sur les Grandes Industries Modernes. C'est un des fondateurs, en 1903, du COMITE CENTRAL des ARMATEURS de FRANCE, dont il a été le secrétaire général et le vice président délégué, postes où il a acquis la reconnaissance de la Marine Marchande Française.

 

Le "Paul de Rousiers", construit aux Chantiers de Provence à Port-de-Bouc en 1942, est le premier navire construit en France par l'U.I.M. depuis la fondation de la Société. Il répondait aux mêmes caractéristiques générales que le "Capitaine Saint Martin"; Sa puissance fut augmentée pour lui assurer une marge de vitesse plus grande.

Techniquement, il apportait certaines innovations, d'après  l'expérience acquise  sur  le  "Capitaine Saint Martin". C'est en particulier le premier navire construit en France avec machine alternative possédant une turbine de récupération du type Gotaverken. Il est à ce titre souvent cité dans des cours de machine, et c'est le "Paul de Rousiers" qui fut choisi par la Marine Marchande en 1945 comme prototype des 17 navires charbonniers de 5.000 tonnes de port en lourd, commandés aux Chantiers français, anglais et canadiens.

Son premier commandant fut la Capitaine Hiéronimus qui devient par la suite Capitaine d'Armement de la société.

Ce navire, depuis le début de son existence, s'est révélé être particulièrement "turbulent", et si l'on considère que la flotte de l'U. I. M. est une grande famille, on peut estimer que le "Paul de Rousiers" en est l'enfant terrible.

Lancé en mai 1941, dès son lancement, en effet, et sans attendre davantage, il se fait aborder, alors qu'il était au quai d'armement des Chantiers de Provence à Port-de-Bouc. Après plusieurs essais au point fixe, et en mer le 15 octobre 1942, suivis le 20 par des essais de vitesse sur la base d'Hyères. Ayant ainsi manifesté son originalité, il continue dès le premier voyage, en effet, alors qu'il effectuait ses essais en charge avec M. Delmas à bord, et M. Hiéronimus comme commandant.

Unique cargo achevé sous l'armistice en Zone Libre, le "Paul de Rousiers" appareille pour Alger quelques jours avant le débarquement en AFN ayant à son bord M. Audouard, ingénieur en chef des Chantiers de Provence et M. Delmas, ingénieur de l' U.I.M.

Chargement de charbon pour la centrale d'Alger.

 

1940-1945,

 

1942-1945,

Il touche Alger et accoste au quai de Dieppe, le 8 novembre 1942, jour du débarquement des alliés en Algérie, pour se faire bloquer lors du débarquement américain en Afrique du Nord, ce qui lui vaut d'être canonné, mitraillé et abordé une nouvelle fois par un cargo anglais, chargé de munitions. Lors de ce débarquement, un obus, tiré par les batteries françaises, destiné au destroyer HMS Broke, qui avait débarqué des commandos à l'intérieur du port d'Alger, traverse le gaillard d'avant du cargo, passant à travers le magasin du bosco, sans exploser.

Il évita le sabordage grâce aux interventions énergiques du Commandant Hiéronimus.

M. Audouard mobilisé dans la Marine Nationale, fut chargé de l'entretien de la flotte de commerce, M. Delmas, secondé par le Commandant Hieronimus, prenant en mains les destinées de l' U.I.M. en Afrique du Nord.

Le navire fut mis à la disposition des autorités alliées et navigua sans trêve jusqu'en 1945.

Le "Paul de Rousiers"  part en convoi, le 1er décembre, sur Dakar, exploité par les Transports Maritimes.

 

Après ces fantaisies par lesquelles il a montré de quoi il était capable, il se tient tranquille un certain temps, et attend la fin de la guerre pour sauter sur une mine à Saint-Nazaire, sans d'ailleurs absolument aucun dégât pour lui.

A la suite de cet événement, passant au dock flottant, il s'abîme une pale d'hélice qui se casse lors d'une traversée sur Dakar, où il arrive avec trois pales seulement. Aucune possibilité de réparation dans le port n'étant possible, la remontée du navire est décidée dans ces conditions, ce qui ne gêne pas le "Paul de Rousiers", qui tranquillement perd une pale de temps en temps au cours de son voyage, pour arriver à Dunkerque avec les quatre pales cassées, n'ayant plus qu'un moyeu d'hélice, avec quatre tronçons d'ailes. Pour d'ailleurs manifester ses possibilités, il accomplit la fin de son voyage dans ces conditions à une allure supérieure à celle à laquelle il était habitué. Aucun essai de marche du "Paul de Rousiers" sans hélice n'a cependant été tenté, mais tous les espoirs auraient pu être permis dans ces conditions...

L'hélice ayant été remplacée, trois mois plus tard il la casse à nouveau, ainsi que la troisième. Lassé de lui donner des hélices en bronze, dont il faisait un tel usage, on lui met une hélice en fonte, réputée moins solide, et qu'il ne casse plus.

Passant à un autre genre d'exercice, le "Paul de Rousiers" s'avise d'avoir sa machine qui semble donner signe de défaillance. Un examen montre d'ailleurs que cette machine brassait des boulons, ce qui est évidemment peu propice à une bonne marche, et qui aurait dû depuis longtemps rendre sa machine inutilisable. Pour y mettre bon ordre, il relâche au Havre. Alors qu'il marchait à allure réduite, il se fait aborder par un navire argentin, qui quittait ce port, et qui lui arrache une partie du pavois avant,

En réparation au port du Havre, et apparemment inoffensif, il trouve le moyen, lorsqu'il se fait déplacer par deux remorqueurs, d'éventrer une tôle de carreau du navire "Armorique", à l'aide de ses tôles de pavois arrachées précédemment.

Les réparations terminées, et ne voyant plus quelle originalité mettre en avant, le navire est obligé de relâcher à Gibraltar avec le feu dans la chaufferie. Le feu est rapidement éteint par l'équipage. Peu satisfait du résultat, sans doute, le  navire reprend feu à Dakar, feu qui fut également éteint très rapidement.

Depuis, aucune aventure nouvelle ne lui est survenue, mais il faut dire qu'il n'y a que deux mois de ce dernier événement.

Ces faits montrent suffisamment l'humeur du vapeur "Paul de Rousiers" particulière du navire, et pourtant on doit constater que, depuis son lancement, il n y a eu a son bord aucun accident grave, et que c'est un des navires sur lesquels il y a eu le moins de débarquements pour accident ou maladie, et ceci est une juste compensation.

 

Remis en état après la Libération de la France métropolitaine, il reprend le cours de la navigation traditionnelle des navires pondéreux de l' U.I.M., Baltique, mer du Nord, Atlantique, Méditerranée.

 

1945, est à Rouen dans les premiers jours de mai.

 

1950,

Avril, chargements d'arachides à Dakar par la Société Ouest-africaine d'Entreprises Maritimes. Mis à quai le 4 à 16 h 30, a termine le 5 avril à 19 h 30, soit en moins de 15 heures de travail effectif, le chargement de 2.820 tonnes d'arachides décortiquées en vrac.

 

1951,

Le commandant titulaire en est M. J. Thébault.

Novembre : Commandant J. Denjean-Massia, Chef mécanicien S. Gruel.

 

1952,

Le  Commandant M. J. Thébault en est Commandant titulaire (il terminera sa carrière sur ce navire)  et M. Mulard Chef mécanicien titulaire.

Employé sur voyages de charbon Baltique-Rouen et transports de phosphates Safi-Rouen.

 

1954,

Février : réparations à Rouen.

 

1955,

Visite annuelle :  ...la Commission émet un avis favorable au renouvellement des titres de sécurité et permis de navigation, adresse ses félicitations au Commandant à l'Etat-Major et à l'Equipage pour la très bonne présentation du navire et son bon entretien.

1958,

Novembre : Pour suivre sa politique de renouvellement de la flotte, il fut vendu à l'armement Mazella, Oran, le 6 novembre sous le nom de "Orabuéna".

 

1961, "Someri", (Ilmari Tuuli-Finlande), à du relâcher au Havre, le 13 novembre, en avarie de chaudière.

Port immatriculation Rauma, n° 603;

Port attache Rauma, (1962-1966). Indicatif OGFJ.

 

1966, "Constantia", (Korpo Rederi Ab-Finlande).

Port immatriculation Helsinki n° 1365;

Port attache Helsinki (1967-1970).

 

1970, 15.12, à Bruges. Démolition à Zeebruges.

 


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Constantia © LittleWalter

 

Départ d'un Vieux Serviteur

" PAUL DE ROUSIERS "

Depuis la cession du « Capitaine Saint Martin », le « Paul de Rousiers » avait pris la place du doyen de la flotte U. I. M.

Après la mise en chantier du « Capitaine Saint Martin » en Angleterre, l' U. I. M. avait voulu témoigner sa confiance aux chantiers français qui, depuis les « Marie-Louise » et les « 4.700 T. » LouCHEUR, avaient construit peu de navires spécialisés dans le transport des pondéreux. Après une consultation assez large, le choix se porta sur les Chantiers de Provence à Port-de-Bouc. Mais la construction du navire se trouva presque immédiatement entravée par le déclanchement des hostilités. Bien que Chantiers et Armateurs eussent été d'accord, après l'armistice, pour poursuivre au ralenti les travaux d'achèvement, le lancement eut lieu en mai 1941 et son nom rappela la mémoire de M. Paul DE RouSIERS, animateur du Comité Central des Armateurs de France, économiste remarquable et grand homme de bien. M. DE ROUSIERS était également le beau-père de M. Maurice FoUGERE et le grand-père du Capitaine Jean FOUGÈRE dont un autre navire de l' U. I. M. honore également la mémoire.

En octobre 1942, le « Paul de Rousiers » effectua ses essais de mise en service sous le commandement du Capitaine HIERONlMUS et fit route sur Alger ayant à bord M. AuDOUARD, ingénieur en Chef des Chantiers de Provence et M. DELMAS, ingénieur de l' U. I. M.

C'est ainsi que la Marine Marchande française en Algérie fût redevable au « Paul de Rousiers » de la présence de deux techniciens de valeur qui lui rendirent ultérieurement les plus grands services. M. audouard, mobilisé dans la Marine Nationale, était chargé de l'entretien de la flotte de commerce, M. DELMAS, secondé par le Commandant HIERONIMUS, prenant en mains les destinées de l' U. I. M. en Afrique du Nord. Le « Paul de Rousiers » subit le bombardement d'Alger et un obus allié traversa son gaillard de part en part.

Le navire fût mis à la disposition des autorités alliées et navigua sans trêve jusqu'en 1945. Remis en état après la libération de la France métropolitaine, le « Paul de Rousiers » reprit le cours de la navigation traditionnelle des navires pondéreux de l' U. I. M., Baltique, mer du Nord, Atlantique, Méditerranée.

Bien que ses installations ne soient pas aussi modernes que celles des « Capitaine Rio », « André Masset », « Roseline », « Jacqueline », les officiers et marins qui étaient embarqués à son bord s'étaient attachés à cet excellent navire et avaient à cœur de le maintenir dans le meilleur état de fonctionnement et d'entretien.

C'est avec émotion que nous nous sommes séparés du « Paul de Rousiers » qui porte, depuis le 7 novembre dernier les couleurs de l'Armement Mazzella sous le nom d'« Orabuena » et nous souhaitons à cet ancien de l' U. I. M. une heureuse nouvelle carrière.

b/U.I.M. n°24/02-1959

 

Sources à consulter :

Archives et publications UIM.

La navigation française, N° 2, nouvelle série, mai 1942.

Révision 2012-08-04

 

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