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"SARREBOURG" ID No: 1144302
1920, Entré à la société Les Armateurs Français sous le nom de "Sarrebourg". Il avait Rouen pour port d’attache et était affecté au transport du charbon et des marchandises générales entre l’Angleterre et la France. Construit en acier, c’était un cargo de 2.222 tonneaux de jauge brute, mesurant 70 mètres de long. Il avait 8,370 tonnes de portée en lourd et était mû par une machine à vapeur de 1300 chevaux.
1921, En avaries. Saint-Nazaire, 12 novembre. A son entrée, cette nuit, au passage du Pertuis, entre les deux bassins, le "Sarrebourg" a touché assez fortement avec sa joue de bâbord au rond point O. Les avaries ne sont pas graves, le peak est plein d'eau, on s'occupe d'alléger rapidement la cale avant pour mettre l'avarie hors d'eau. (Ouest-Eclair, 1921-11-14).
1922, Echouement en Seine. Le Havre, 18 novembre. Le steamer "Sarrebourg", allant de Rouen à Duston, s'est échoué par suite du brouillard en descendant la Seine, mais s'est dégagé par ses propres moyens sans aucune avarie et a continué son voyage. (Ouest-Eclair, 1922-11-20) Evènements de mer. Anvers, 30 janvier. Le vapeur français "Sarrebourg", arrivé à Anvers, avait heurté un quai en partant du Havre et avait eu, par suite, une pale de son hélice brisée. (Ouest-Eclair, 1922-02-01).
1927, Naufrage. Le vapeur "Sarrebourg", de 3.000 tonneaux, touche une roche à Portsall et coule à pic en trente secondes. L'équipage entier est sain et sauf. Le feu de Corn-Carhaix, paraît-il, était éteint. A fait naufrage dans le chenal du Four, le 25, au large de Portsall, après avoir heurté un récif, lors d'un voyage de Tyne pour Nantes avec du charbon, commandant Capitaine Levêque. La valeur du Sarrebourg, cargaison non comprise, est évaluée à 2 500 000 F. Cette épave n'a toujours pas été trouvée, elle est entre PORTSALL et l'ABER WRAcH sur des fonds de 50 à 70 mètres. Ouessant, 25 février. Ce matin à 6 heures, le poste radio de Ouessant, a capté un S.O.S. du vapeur français "Sarrebourg" qui a touché les fonds près de la bouée de Port-Sall. Il continue lentement sa route. Situation critique. Le remorqueur "Iroise", de Brest, se porte à son secours. (Ouest-Eclair, 1927-02-26).
AUTOUR DU NAUFRAGE DU « SARREBOURG » Dès vendredi noir la nouvelle du naufrage du "Sarrebourg" se répandait il Saint-Nazaire. Hier matin on se précipitait sur l' "Ouest-Eclair " qui donnait tous les détails de ce sinistre maritime. Vers 11 heures nous sommes à la porte du domicile de M. Loget, premier lieutenant, rescapé. C'est une petite maison tranquille, au 15 de la rue Hoche, près du commissariat du Dolmen. Une jeune femme vient nous ouvrir. C'est Mme Loget. Notre visite l'a surprise en grand travail de nettoyage. Du fond d'une pièce nous parviennent les rires îoyeux de plusieurs bambins. Dès les premiers mots échangés nous constatons que Mme Loget ne sait rien de la catastrophe de l'Aber- wrach.. Mon mari, nous dit-elle, doit arriver à Nantes bref délai De là, sans aucun doute, il viendra Jusqu'ici pour nous dire bonjour ». Puis, comme saisie d'un pressentiment sinistre, la Jeune femme d'ajouter Au moins. monsieur, vous ne m'apportez aucune mauvaise nouvelle.
Nous rassurons bien vite l'épouse du
premier lieutenant du "Sarrebourg" qui a grande hâte d'avoir
d'autres détails complémentaires sur le naufrage.
(Ouest-Eclair, 1927-02-27). Extrait de : LA DEPECHE DE Brest Portsall, 25 février. Un grand vapeur des armateurs français, le Sarrebourg, capitaine Lévêque, allant d’Angleterre à Nantes, longeait nos cotes, la nuit dernière, par temps très noir. Ayant reconnu les éclats du phare de l’île vierge, il poursuivait sa route quand, peu après six heures, un choc d’une grande violence ébranla le navire. L’avant venait de heurter une roche : le BIRVIDIC, croit- on. La déchirure qui en résultât était telle que l’eau s’engouffra dans les cales. En hâte, on manœuvra les pompes mais elles ne parvenaient pas à empêcher l’envahissement. Une seule manœuvre restait à tenter : gagner la cote au plus tôt et risquer l’échouage pour éviter de sombrer, le commandant l’entreprit, mais il fallut après de longs efforts se résoudre à abandonner le navire pour sauver l’équipage. Tous prirent place dans deux chaloupes, qui s’écartèrent. Peu après le Sarrebourg piquait de l’avant, puis disparaissait dans un jaillissement d’écume. Les sauveteurs interviennent Lorsqu'à bord on avait constaté la gravité de l’accident, un SOS avait été lancé. Le remorqueur de sauvetage IROISE, toujours en éveil, l’avait reçu et l’appareillage suivait peu après. Mais, malgré toute la diligence faite, le naufrage était déjà consommé lorsque le remorqueur parvint sur les lieux. Au poste sémaphorique de l’Aber Wrach on avait appris le naufrage, on s’empressait d’aviser le sémaphore de Landunvez. Par deux fois le canon d’alarme fit entendre sa lugubre voix, tandis que la cloche de la chapelle de Portsall jetait l’émoi parmi la population à coups précipités. L’équipage du canot de sauvetage Docteur Jules Baisné* des hospitaliers sauveteurs bretons se rendait en hâte prés du patron Eugène Salou. En un instant les portes étaient ouvertes à deux battants et le chariot lancé sur ses rails, portait à la mer son précieux fardeau. Il était déjà plus de huit heures. Sur les points culminants de la dune, toute la population s’était portée pour suivre les péripéties du drame. Le Docteur Jules Baisné n’était pas encore sorti du chaos d’écueils qui barre jusqu’au large l’entrée du port, que l’on voyait au loin disparaître la haute silhouette du vapeur dans un grand remous. Toutes voiles dehors, le vaillant canot poursuivit néanmoins sa route. Il rejoignit ainsi les chaloupes qui portaient les naufragés et les prenaient en remorque pour les conduire dans le port de l’Aber Wrach. C’est après midi, tandis que les rescapés prenaient le train pour Brest, les sauveteurs reprenaient la mer pour rejoindre l’abri. A Portsall, des hauteurs, on suivait la manœuvre du retour et on vit ainsi qu’un navire de l’état, la Somme, venait apporter son aide. Les canotiers à leur tour furent remorqués jusqu’au large de la passe d’entrée. Il était six heures quand ils amenèrent définitivement leurs voiles et vinrent recevoir, en débarquant, un accueil qui, pour n’être pas démonstratif, n’en était pas moins affectueux.
CE QUE NOUS A DECLARE LE CAPITAINE LEVEQUE Joint à sa descente du train qui le ramenait lui et son équipage de l’Aber Wrach, le Capitaine Leveque commandant le Sarrebourg, nous a fait les déclarations suivantes tandis que nous faisons route avec lui vers le port de commerce. L’accident s’est produit vers six heures et quart ce matin. Tout était pour le pire : il pleuvait et l’on n’y voyait rien. Appelé sur la passerelle, à cinq heures par son second, par le travers de l’île vierge, j’avais tracé la route à suivre. Nous devions passer à un mille du feu de Corn Carhaix. Je commençais à m’étonner de ne pas voir ce feu et j’allai donner l’ordre d’appuyer sur tribord, bien que la marée eut du, normalement, nous faire dériver vers le large, lorsque nous heurtâmes une roche par l’avant. Je devais apprendre par la suite que le feu de Corn Carhai était éteint, mais je n’avais pas eu connaissance de cette extinction**. Le Sarrebourg allait de Newcastle à Saint Nazaire, chargé de charbon destiné aux usines métallurgiques de la basse couet. Il avait précédemment fait la traversée Le Havre – Newcastle, dans une brume intense, sans la moindre anicroche. Et le Capitaine Lévèque poursuit : Il était donc six heures quinze au moment de l’accident. Par TSF, j’alertais bientôt l’Iroise, pensant que le robuste remorqueur de l’union française maritime arriverait à temps pour nous secourir. Mon bateau coulait en effet lentement, par l’avant. Ce n’est que deux heures après le choc et la déchirure de sa coque qu’il sombra. Tout l’équipage et moi même avions pris place dans les deux canots du bord et, à l’aviron, nous faisions route vers l’Aber Wrach. Survint le canot de sauvetage de Portsall, qui nous prit en remorque et nous débarqua bientôt à l’Aber Wrach, où nous fûmes l'objet des meilleurs soins, à l’hôtel Bellevue.
L’EQUIPAGE Ayant mis en consigne, à la gare de l’état les sacs et valises que certains avaient pu bourrer et sauver - pas tous, tel le premier chauffeur Marrec de Pougastel, qui, de quart au moment de l’accident, dut abandonner son bien. L’équipage avait suivi au port de commerce son commandant. Voici les noms des naufragés : Second capitaine : M. Purnel, de Belval (Manche) ; lieutenant : M. Loget, de St Nazaire ; chef mécanicien : M. Audouis, de Blain (Loire Inférieure) ; 2°mécanicien : M. Quéméner, de Lorient ; 3°mécanicien : M. Le Guillou, de Quimper-Guézénnec ; 1° chauffeur : M. Marrec , de Plougastel ; chauffeurs : M. Jean Le Moal, de Brest, Y Youinou d’Audierne ; Matelots de pont : M. Joseph Kergouzien, Yves Le Moal, Joseph Le Moal, Le Garrec, Guillermie, Le Floch. Le reste de l’équipage - 25hommes en tout- étant composé de Sénégalais et d’Arabes. (LA DEPECHE DE Brest : 4 MI 100 191, Archives Départementales du Finistère).
* Docteur Jules Baisné : canot de 10,5 m, baptisé le 27 septembre 1908. Il est gréé de 2 mâts et de trois voiles triangulaires. Il pouvait naviguer à l'aviron ou au moteur. Il a servi la station de Portsall pendant 20 ans. ** L’extinction du feu de Corn Carhaix avait été signalée dans les règles. Un avis aux navigateurs en date de 14 janvier a été communiqué aux services intéressés et à la presse. Le même avis a été passé par TSF aux navires en mer. Après le naufrage. Le feu de Corn-Carhaix était éteint, en effet, mais les navigateurs en furent informés. Nous avons reproduit hier la déclaration du capitaine du "Sarrebourg", recueillie par notre envoyé spécial et mentionnant que les navigateurs n'avaient pas été informés de l'extinction du feu ce Corn-Carhaix. Or, les services de la Marine en étaient prévenus le 14 janvier et l'Ouest-Eclair l'annonçait le lendemain dans les "Avis aux navigateurs". Que le capitaine du "Sarrebourg" n'en fut pas avisé, cela est fort possible, mais la responsabilité des bureaux de la marine ne saurait être mise en cause. (Ouest-Eclair, 1927-02-27). Révision 2012-06-03
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