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M. Chirac, dont nous avons retrouvé la fiche au service du personnel navigant a été embarqué comme «pilotin-radio» du 12-7-1950 au 3-8-1950. On peut tirer plusieurs conclusions de ce passage à notre Société: que la Marine mène à tout à condition d'en sortir par exemple (comme la plupart des carrières), ou que les pilotins actuellement à bord des navires de l'U.I.M. peuvent y trouver confirmation que tous les espoirs d'une brillante carrière leur sont permis... Nous pensons que notre Premier ministre tiendra aussi fermement la barre du gouvernement que celle du "Capitaine-Saint-Martin" [M. Chirac a fait du chemin depuis puisqu'il est devenu Président de la République Française]. Bulletin UIM n° 73, Juillet 1974. Le 10 juillet 1950, jacques Chirac est reçu à la seconde partie du baccalauréat. mention "Assez bien". Il peu s'il le désire intégrer l'Ecole des sciences politiques sans subir l'examen d'entrée. Mais... dit-il, "A ce moment, j'ai eu envie de partir." Chirac veut embarquer sur un bateau. Les relations de son père l'y aident, François Chirac, son père, est en rapport avec le président de l'union industrielle et maritime. Ce sera utile pour monter sur un bateau de la compagnie. "J'avais peu d'argent, je n'aimais pas en demander. quand je partais, je partais...." Il obtient une inscription au Havre - "J'y suis arrivé en auto-stop" _ , puis il se rend à Dunkerque où il s'installe sur un petit cargo de cinq mille tonnes, le Capitaine Saint-Martin. "J'ai été pris en faisant valoir mes relations", admet Chirac. travail difficile [...] de se retrouver aux prises avec des marins. Il les copie beaucoup, les singe un peu : il fume la pipe jusqu'à en être malade ; à Alger, il partage leurs virées nocturnes. Le petit Parisien découvre une autre galaxie. Plus important, il est confronté, pour de bon, au travail physique le plus pénible qui soit. Au retour, le Capitaine Saint-Martin charge à Melilla, dans le Rif espagnol, une cargaison de minerai de fer. « Une horreur, se souvient Chirac. La peau est rapidement incrustée par une poussière rouge. Il faut se frotter pendant des jours avant d'en être débarrassé. Psychologiquement, les hommes en étaient transformés. Ils devenaient hargneux. » Il n'aura pas l'occasion d'en connaître plus. Le jour du retour à Dunkerque, il distingue, de loin, la silhouette de son père. Le banquier est venu le chercher. Objectif : Sciences Pô. « Je lui ai proposé de préparer le brevet de lieutenant au long cours pour faire carrière dans la marine marchande. Il l'a fort mal pris. » Une réaction sans surprise. Extrait de Chirac ou les passions du pouvoir, Maurice Szafran, Grasset, 1986.
Jacques Chirac raconte : "Je suis parti avec mon petit baluchon. J'ai d'abord été à Rouen où je me suis engagé comme inscrit maritime, puis en auto-stop j'ai gagné Dunkerque. Et là j'ai réussi à me faire engager comme pilotin à bord d'un cargo de 5 000 tonnes, le Capitaine Saint-Martin qui cabotait avec du charbon dans les ports espagnols et le long de la côte africaine. » En vérité, il faut dédramatiser un peu l'anecdote. Le petit baluchon avait été soigneusement préparé par Mme Chirac qui avait trop peur que son fils n'attrape froid sur les côtes africaines et M. Chirac père avait non seulement donné à son fils l'autorisation écrite indispensable pour s'engager comme inscrit maritime, mais encore l'adresse d'une de ses relations de l'Union industrielle et maritime, c'est-à-dire l'armateur du Capitaine Saint-Martin. Il s'agissait moins d'une rupture familiale que de très belles vacances qui dureront deux mois et demi et rapporteront 1 383 francs au jeune Chirac (sa feuille de paie en fait foi). Chirac a gardé un souvenir de cet été 50. « Les marins de ce bateau, aime-t-il à raconter, m'ont emmené dans des endroits que la morale réprouve. C'était pour moi une expérience un peu étonnante mais amusante. A Alger, j'ai eu droit au grand jeu. On est allé dans les fameux quartiers réservés de la Casbah et on y a passé la nuit entière. Quand, au petit matin, je suis redescendu vers le port, dans l'odeur de crésyl sur les trottoirs, d'anisette et de produits coloniaux, je n'étais plus le même. » (Entretien avec l'auteur.) Bref, alors que Giscard fait du tennis à Oxford, Chirac, lui, fréquente les bordels africains. Et l'aventure va se terminer fin septembre comme toutes les grandes vacances. Chirac raconte, et cette fois semble-t-il sans enjoliver les choses : « Je faisais relâche au Havre où j'ai trouvé sur le quai mon père qui était beaucoup plus grand et beaucoup plus fort que moi, qui avait trouvé que l'expérience avait assez duré et qui m'a réintégré dans le berceau familial sans que j'aie eu la possibilité ou l'occasion de dire " ouf ". Il avait un sens de l'autorité et les moyens de persuasion contre lesquels j'étais un peu jeune pour lutter, ce qui mit fin à mon expérience maritime. » Et, en octobre 1950, après avoir visité les bordels africains, fait la démonstration de son indépendance (et appris à fumer la pipe), Jacques Chirac rentrait très sagement en Mathématiques supérieures au lycée Louis-le-Grand. Extrait de Un inconnu nommé CHIRAC, Thierry Desjardins, La Table ronde, 1983. |
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