Baptême Malika

Le "Malika" a été pris en charge à Niigata le 1er novembre 1977 Le 2 novembre, dans l'après-midi, avant son départ du Japon, nous avons tenu à ce qu'une bénédiction soit donnée en présence de tout l'équipage qui venait d'arriver de France.

A cette cérémonie ont été conviés les responsables du chantier qui avaient travaillé à la bonne exécution du navire ainsi que leurs familles, chose absolument inhabituelle au Japon.

Cependant, nous avons eu la surprise de voir quelques familles avec femme, enfants et même grand-mère... certaines en kimono et sandales de bois, ce qui ne les a pas empêchées de monter et descendre vaillamment toutes les échelles pourtant raides du navire.

C'est le père catholique Henry Huysegoms, du diocèse de Niigata, qui a donné la bénédiction, après avoir, dans une allocution en français (qu'il a aussitôt traduite en japonais) exprimé l'émotion qu'il éprouvait à faire ce geste pour la première fois et tous les vœux qu'il formait pour le navire et son équipage.

Après cette bénédiction une visite complète du navire eut lieu, qui intéressa toutes les familles présentes, suivie d'une réception au salon du commandant, simple et amicale, qui réunit tout le monde et se prolongea fort avant dans la nuit.

Avant leur départ nos invités, très heureux, nous dirent combien ils avaient apprécié la collaboration de nos surveillants et de notre équipage durant la construction du navire.


Le directeur du chantier remet au commandant Martin la "Master Key" du navire.				Le père Henry Huysegoms prononce son allocution devant l'équipage et les représentants du chantier, dans le pont-garage.

Le "Malika", après un voyage parfaitement réussi qui l'avait conduit depuis Yokohama d'où il était parti le 7 novembre, à Colombo, le 20 novembre (date à laquelle il passa entre les deux typhons qui ravagèrent l'Inde) à Daman le 27, à Koweït le 29 et Dubay le 1er décembre, est arrivé à Marseille le 14 décembre.

MM. Martin Jean (Commandant). Kerbiguet Claude (Second Capitaine). Le Bel René (Lieutenant). Milh Max (Lieutenant). Chatellier Yves Chef mécanicien . Samson Alain (Second mécanicien). Blanc Louis (Maître mécanicien). Sampeur Gilbert (Graisseur). Samba Saloûm (A.T.C.). Loyer Joseph (A.T.C.). Le Quéré Roger (Cuisinier). Vichon J.-Yves (M. Eq.). André Claude (Matelot). Bodenes Jean-Marie (Matelot). Le Cornet Jean-Paul (Matelot). Lastenet Marc (Novice).

Le 16 décembre 1977, l'U.I.M. présentait à ses clients et amis le navire, à l'occasion du baptême par Mme Francis Bouygues, sa marraine.

Par un temps magnifiquement ensoleillé, le "Malika" était sous grand pavois le long du quai ro-ro de l'U.I.M. du port de Marseille. Et surprise heureuse le "Mathilda", plus modeste par sa taille mais de même silhouette était à ses côtés lui aussi sous grand pavois.

Devant les deux navires, tapis rouge et plantes vertes accueillaient les visiteurs. Ce furent d'abord tous ceux venus de Paris, arrivés dans l'après-midi et entourant la marraine qui, pour se "mettre en train" visitait l'"Atlas", le "grand frère", qui allait partir dans la nuit.

Après la visite de l'"Atlas" ce fut "Mathilda" et le "Malika". La comparaison de ces deux derniers navires permit à chacun de se rendre compte de la différence de taille qui existait et des progrès réalisés sur "Malika" par rapport au navire commandé en France un peu avant lui.

En fin d'après-midi, les invités de Marseille rejoignirent ceux de Paris et, à 18 heures la marraine, après avoir prononcé la phrase traditionnelle demandant à Dieu de "protéger le navire et ceux qui étaient à son bord", brisa la bouteille de Champagne à l'intérieur du vaste pont-garage.

Une gerbe de fleurs lui fut alors remise pendant que les applaudissements célébraient la naissance "officielle" du "Malika" en lui souhaitant une longue vie.

Après le baptême, M. P.-E. Cangardel, président du directoire, prononça une allocution dont nous donnons ci-dessous les passages principaux :

Je suis heureux de vous accueillir â bord de notre nouveau roulier qui vient d'arriver a Marseille a l'issue de son premier voyage.

ce navire avait été été béni au Japon, il y a moins de 2 mois. Il manquait le baptême! Je tiens à vous remercier, Madame, d'avoir bien voulu lui donner le nom de "Malika". Ce sera la «Reine» de nos rouliers puisque c'est la traduction en français de ce joli vocable arabe.

Je suis sur que votre filleul sera digne de cette fonction en quelque sorte monarchique, étant le plus grand roulier que l'U.I.M. a mis en service cette année.

C'est en effet, Mesdames, Messieurs, 3 navires que nous avons pris en charge en 1977.

Nous avons à côté de nous "Mathilda", navire-sœur d' "Aurélia" qui nous a été livré en septembre et que nous sommes fiers de vous présenter aujourd'hui.

Il appartient à nos amis du groupe Barry Rogliano. Nous le leur avons loué coque nue pour 10 ans. Je tiens à saluer les représentants de ce groupe sympathique avec lequel l'U.I.M. entretient des relations fidèles et constantes

Elles datent de nos pères, mes Chers Amis, puis-je espérer qu'elles continueront a la 3e génération !

"Malika" est également un navire que l'U.I.M. n'a pas construit seule. Nous l'avons financé via UNIROLL (U.I.M.-J. Lefebvre et Cie), Société nouvelle en nom collectif à laquelle se sont associés plusieurs industriels amis.

Madame Bouygues. veuillez dire à votre mari combien nous sommes heureux qu'il ait, malgré la difficulté des temps, eu confiance dans notre maison et dans un investissement maritime que nous gérerons.

Les deux navires que nous vous présentons côte â côte représentent le résultat de la conception combinée de nos Services Techniques de Paris et de Marseille dirigés par M. Godillon, et de la Direction de nos Services Méditerranéens animés par mon ami Louis Feraud.

Ce sont des navires spécialement adaptés aux trafics au départ de Marseille et des ports italiens vers l'Algérie, la Libye et la Syrie. A bord de chaque navire nous avons mis un tracteur très puissant pour toutes les remorques de notre clientèle, ou nos remorques esclaves regroupant les colis individuels. Nous avons également à bord des chariots élévateurs. Cet équipement est nécessaire pour affronter avec efficacité et régularité les problèmes portuaires que nous rencontrons dans les ports d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient que nous desservons.

Mais ces navires coûtent cher, je l'ai déjà dit ici : "Le navire routier est un moyen de remédier à l'encombrement portuaire", c'est pour cela que je fais un nouvel appel à tous ceux qui s'occupent des manutentions, notamment en France ; il faut obtenir la disparition de pratiques malthusiennes et l'amélioration d'organisation du travail qui pénalise ce type de navires.

Je pense notamment aux équipes trop nombreuses pour le travail réclamé, comme à certaines exigences pour l'embarquement des camions ou le chargement des remorques esclaves.

Je pense, bien entendu, à ces revendications fréquentes ou inopinées qui entraînent des arrêts de travail ; le manque de fiabilité d'un port risque d'entraîner un découragement de la clientèle qui ira vers des ports plus sûrs, et tout cela coûte cher à l'armateur et à la marchandise.

Nos tarifs de fret au départ de Marseille sur la Libye et la Syrie sont établis par le jeu de la concurrence tout en tenant compte de la qualité du service rendu. Je précise, à ce sujet, en raison de certaines déclarations récentes qu'en moyenne les tarifs sur l'Algérie ne sont pas plus élevés, compte tenu des distances à parcourir et de la durée du séjour dans les ports algériens.

NON, Messieurs, les accords bilatéraux ne pénalisent pas votre port. Le trafic des ports français de Méditerranée sur l'Algérie est en expansion par rapport à celui des ports français du Nord qui disparaît progressivement.

Bien au contraire des contrats étrangers importants passent par votre port ; vos appointements routiers sont bien placés au débouché de l'autoroute de la vallée du Rhône qui draine vers vous un trafic roulant important provenant de Suisse, d'Allemagne du sud et même d'Angleterre.

L'U.I.M. est fière à ce sujet de voir se développer sa clientèle dans ces pays étrangers grâce à l'activité de nos agents et à l'accroissement de nos moyens.

L'Armement Français maintient aujourd'hui une lutte difficile pour sa survie en raison de ses surcoûts. A voir les nombreux navires que nous mettons en service cette année, on pourrait douter de la gravité de la conjoncture.

En fait, il s'agit de navires commandés il y a 2 ans et c'est la fin de notre programme. La crise économique persiste, la guerre des frets et notamment celle venant de tous ces pavillons artificiels économiques ou politiques devient plus grave que jamais.

Les deux navires que nous vous présentons aujourd'hui vont nous amener à régler chaque année des charges financières très lourdes. Il nous faudra la fidélité de nos chargeurs, la confiance de tous les auxiliaires des transports qu'ils soient de l'hexagone ou au-delà de nos frontières, le dévouement de nos collaborateurs sédentaires et marins pour que nous puissions espérer franchir Pavillon Haut la tempête que nous subissons.

C'est dans cet espoir qu'en vous remerciant une nouvelle fois, Madame, d'avoir bien voulu présider cette cérémonie, je lève mon verre à la santé des équipages de "Malika" et "Mathilda" et à leur heureuse navigation, à tous nos amis qui nous ont fait le plaisir d'être avec nous aujourd'hui, à la réussite de l'U.I.M., petit maillon de la grande chaîne de la Marine Marchande française.

Après cette allocution, un buffet magnifiquement décoré recevait tous les invités et, une fois de plus, maigre les conditions difficiles dans lesquelles, actuellement, se trouve l'armement français et même mondial, cette atmosphère amicale et familiale permettait de faire une halte en échangeant des souvenirs et en formant des vœux pour que l'avenir soit plus souriant.


Mme Bouygues, marraine du "Malika" baptise le navire. M. P. E. Cangardel lui tend les ciseaux pour couper le ruban		M. P. E. Cangardel prononçant son allocution dans le pont-garage.		La marraine après le baptême, avec le Commandant Martin.


De gauche à droite : Chatelier Y., Chef Mec. ; Samson A., Sd Mec. ; Martin J. Cdt ; Kerbiguet C., Sd Capt. ; Milh M., Lieut. ; Le Bel R., Lieut. A l'arrière plan, le volcan Stromboli.				De gauche à droite, debout : Le Bel R., Lieut. ; Blanc L., Mtre Mec. ; Sampeur G. Graisseur ; Samson A., Sd Mec. ; Bodenes J.-M., Mat. ; Chatelier Y., Chef. Mec. ; André C. Mat. ; Martin J.-B., Cdt ; Mllh M., Lieut. ; Loger J., Garçon ; Kerbiguet C., Sd Capt. • Le Quéré R., Cuis. ; Samba S., A.T.C.