Union Industrielle et Maritime

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Lancement du "PERREGAUX"

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Baptême du PERREGAUX, Nantes, 4 mars 1958,

lancement reporté au 18 avril par suite de la crue de la Loire. [UIM-57/22/04]

 
 

Lancement du PERREGAUX,

Nantes, 18 avril 1958.  [UIM-57/22/05]

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médaille commémorative    

Photos Coll. UIM - ST

 

m/s " PERREGAUX "

 

Nous avons voulu, en baptisant « Perregaux » notre nouveau navire, honorer la charmante petite ville d'Oranie qui, en portant ce nom, honore elle-même la mémoire du Général Alexandre-Charles de Perregaux, Maréchal de camp, qui en 1831 conduisit son armée contre Abd-el-Kader aux portes d'Oran et qui, mortellement blessé en 1837 lors d'une expédition contre Constantine, devait mourir en rade de Cagliari, sur la côte sicilienne, à bord du navire qui le ramenait en France.

Érigée en sous-préfecture depuis novembre 1957, Perregaux est une ravissante cité verdoyante, aux rues bien alignées, bordées de faux poivriers et de platanes géants. Elle constitue avec Relizane une des régions d'Algérie les plus productrices d'agrumes et d'artichauts.

Son importante production trouve un débouché naturel par le port de Mostaganem qui est proche, et de nombreux navires assurent une liaison rapide avec la Métropole et l'Étranger.

Est-il besoin de rappeler que ce Port bien abrité s'équipe rationnellement pour faire face à l'accroissement du tonnage qui augmente chaque année. En 1956, il s'élevait à 418.625 tonnes dont 59.874 tonnes de primeurs, alors qu'en 1950, au moment de la mise en service de notre m/s « Christine » 8.595 tonnes sortaient par Mostaganem.

Perregaux, ville de 27.367 habitants, à 40 kms au sud de Mostaganem, constitue un nœud ferroviaire dont l'importance ne fera que s'accroître puisqu'elle est située sur la ligne Est-Ouest Alger-Oran et sur la perpendiculaire Nord-Sud vers Colomb-Béchar et le Sahara.

 

LA CEREMONIE

Nous ne pouvons mieux faire, pour parler de cette cérémonie qui eut lieu à Nantes le 4 mars 1958, que de rappeler ici quelques passages du discours prononcé par notre Président à cette occasion et qui, en raison des circonstances actuelles, alors que le problème Algérien est pour nous tous d'une angoisse permanente, semble nous tracer une voie.

... « la gracieuse marraine a consacré par le geste symbolique l'entrée du navire

« dans notre Flotte et ce geste a pris une valeur particulière. Mme PEARCE n'a pas

« brisé une bouteille de champagne sur l'avant du bateau mais une belle orange de

« terre cuite, spécialement créée pour ce seul usage; le vin de champagne avait été

« mélangé à du jus de fruit.Voilà notre porteur d'agrumes baptisé de manière

« originale et caractéristique pour le trafic auquel il sera affecté.

 

Le Président dit combien il se réjouit de cette réunion amicale qui permet à tous ceux qui ont participé à la naissance du «  Perregaux » de se retrouver dans une atmosphère de sympathie, et il adresse des remerciements aux amis et aux collaborateurs qui l'entourent.

Puis il ajoute :

« Je parle ce soir comme Président de l'Union Industrielle et Maritime et

« Président de l'Armement Bérengier qui est notre filiale à Marseille, spécialisée

« dans les services réguliers entre la France et l'Algérie. M. Léon BÉRENGIER aurait

« désiré être auprès de nous aujourd'hui, mais son état de santé ne le lui a pas

« permis. Il fut l'un des premiers armateurs à assurer des services maritimes réguliers

« entre Marseille et le Maroc Oriental par le port de Nemours. M. BÉRENGIER

« aime profondément la Marine. A l'heure où les Compagnies maritimes deviennent

« trop importantes pour être des affaires familiales, il s'est associé à nous. Nous

« nous félicitons d'avoir débuté dans nos services méditerranéens aVec le concours

« d'une personnalité dont le nom est connu et respecté en Algérie et en Provence

« et qui est devenu notre ami.

 

« M. PEARCE, est le Directeur responsable de nos services de Méditerranée.

« C'est pour la plus large part à lui que nous devons leur succès. Il était normal que

« le dernier cargo rapide construit par les Chantiers de Bretagne pour l'Armement

« « Bérengier et nos lignes d'Algérie, eut comme marraine Mme PEARCE, qui est ainsi

« associée à l'œuvre de son mari et trouve ici la manifestation de notre estime et

« de notre gratitude.

 

Le Président cite parmi les personnalités présentes, M. l'Ingénieur en Chef POIRIER, Directeur des Affaires Économiques et du Matériel Naval à la Marine Marchande, M. Francis DUFOUR, Président Honoraire de la Chambre de Commerce de Marseille, M. BÉTous, Vice-Président, M. DUFOUR, actuellement Président de la Conférence France-Afrique du Nord, qui assume avec compétence cette tâche difficile, M. SALVAN, Président du Syndicat des Transitaires de Marseille, et remercie tous ceux qui sont venus lui apporter leur sympathie, sans oublier les amis d'Algérie.

Et il poursuit :

... « Je tiens à dire pourquoi nous avons appelé notre nouveau cargo « Perregaux».

« C'est le nom d'une des villes principales de cette région privilégiée de l'Oranie qui,

« avec Relizane, comprend les plus belles plantations d'agrumes de la basse vallée

« du Chelif. Nous avons déjà appelé trois de nos navires : « Oujda» « Berkane »

« «Colomb-Béchar ». Nous devions à l'Oranie un témoignage de sympathie car

« elle est pour nos navires une réserve importante de fret, non seulement par la

« valeur de ses terrains irrigués, mais par l'énergie et l'initiative de ses colons, de

ses travailleurs et de ses dirigeants...

... « Nous nous sommes toujours préoccupés de donner satisfaction à l'Algérie.

« Je considère Mostaganem comme le port naturel de la région de Perregaux

« Relizane. Notre petit cargo « Christine» a été le premier a inaugurer des services

« directs sur Marseille. Nos amis lui ont témoigné une fidélité qui nous touche beau-

« coup quoique sa vitesse soit légèrement inférieure depuis peu de temps à celle de

« ses principaux concurrents, mais notre navire a le privilège de la régularité des

« touchées, quelle que soit la violence de la tempête.
 

« A partir de l'été prochain, « Perregaux » sera au moins égal au meilleur des

« cargos desservant Mostaganem. Il pourra aisément soutenir en service une vitesse

« de 16 nœuds et raccourcira ainsi de dix heures la traversée de Marseille par rapport

« à la vitesse du « Christine. Il sera plus grand, il aura deux cales frigos et 3.200

« hectos de vin dans ses cuves; ses installations intérieures seront des plus modernes.

« Nous apportons ainsi à nos clients et amis un témoignage de reconnaissance

« pour leur soutien constant; nous donnons aussi à Mostaganem, vieille cité où

« l'activité créatrice française n'a jamais été en défaut, une marque de confiance

« et d'amitié.

 

Le Président dit quelques mots du Général Alexandre-Charles de PERREGAUX, dont le navire, comme la ville, porte le nom et il termine en disant :

.., « Ces divers patronages symbolisent notre action où la volonté de vaincre

« nos difficultés s'accompagne d'une recherche permanente de l'amélioration des

« relations humaines, Nous aimons l'Algérie, nous la serVons de tout notre cœur,

« mais nous voulons aussi la défendre et rester, dans cette tâche, dignes de ceux qui,

« là-bas, ont inauguré une France nouvelle et de ceux qui, chaque jour, luttent contre

« les convoitises et les abandons »,

 

BAPTÊME SUR FONTS DE LOIRE

 

Déclin d'une journée de mars

Brume sur le fleuve

Fracas métallique du chantier qui bourdonne

Silhouette élancée d'une proue en plein ciel

Procession recueillie derrière une aube blanche

Litanies psalmodiées en un chuchotement...

Deux mains fines et fermes serrant un globe d'or

Qui s'écrase, odorant, sur la tôle immobile,

Minute d'émotion

Brouhaha dans la foule. . .

.............................................. .

Un navire vient de naître PERREGAUX est son nom

Oubliant son milieu de brumes et de landes

Bientôt il bondira sur une mer d'azur

Vers des rives lointaines.

 

La langue anglaise, si précise et si ramassée - est-il possible en effet de résumer en moins de signes tout ce que représente par exemple le no cure no pay? » - a donné au mot « ship » : navire, le genre féminin, alors que tout ce qui n'est pas homme ou femme y est du genre neutre.

Sans doute. ce pays si marin a vu dans le vaisseau aux formes harmonieuses, à la figure de proue si finement sculptée, un être vivant dont les vicissitudes sur la mer offrent parfois une étrange similitude avec les destinées humaines.

Quand il aura quitté son berceau et reçu son acte de naissance (de francisation), la course de sa vie commencera !

S'il est un bon navire, il saura de lui~même se défendre contre la mer en furie, les pulsations de sa machine seront régulières et leur moindre variation inquiétera aussitôt le Chef Mécanicien tandis que les Officiers du Pont seront alertés par le plus léger ri page de la cargaison ou le moindre changement insolite de cap.

 

Comme a dit le poète :

Objets inanimés avez-vous donc une âme,

« Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer... »

 

Contrairement à ce qui se passe pour les êtres humains qui ne sont baptisés qu'après leur naissance, le navire reçoit le baptême avant de prendre possession de son élément, la mer.

La coutume de briser une bouteille de vin sur l'étrave d'un navire au moment de son lancement est d'origine inconnue. Quelques historiens y voient la survivance des sacrifices humains de l'Antiquité, tels qu'ils se pratiquaient encore par exemple chez les Vikings : au moment de sa mise à l'eau, la coque du navire était rougie par le sang des victimes attachées aux rouleaux de lancement.

A Fécamp, selon une très ancienne coutume, l'officiant, après avoir béni la cloche du bord, parcourt le pont suivi par le parrain et la marraine du navire en répandant du blé et du sel.

Pour notre m/s « Perregaux » ce fut une orange de fine argile, réalisée par un célèbre céramiste provençal et dans laquelle avait été mêlé au Champagne traditionnel du pur jus d'orange provenant directement des orangeries de Perregaux et de Relizane que la marraine, Mme PEARCE, brisa sur la coque après avoir récité avec le Chanoine MOREAU, curé de l'Église Sainte-Magdeleine de Nantes, la très belle prière du rituel romain :

 

« Daigne Seigneur écouter ma supplication et bénir ce vaisseau

« ainsi que tous ceux qu'il transportera

« de la même façon que Tu as daigné bénir l'Arche de Noé

« voguant sur les eaux du Déluge.

« Tends ta main, comme Tu l'as tendue au Bienheureux Pierre

« marchant sur les flots.

« Envoie ton Saint Ange du ciel afin qu'il délivre et garde cette nef et ses passagers

« de tous périls et accorde à tes serviteurs une route tranquille pour que, toute adver-

« sité repoussée, ayant terminé heureusement leur course et les temps étant écoulés,

« ils reviennent chez eux, en plénitude de joie. »

 

H. LAPORTE et A. GUITARD.

Source : b-UIM-58/22

 

 

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