Union Industrielle et Maritime

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S/S "JEAN DE MOULEZIN"

TRANSPORTS DE TUBES PAR LE s/s JEAN DE MOULEZIN

pour la construction du Pipe-line Zarzaitine - Méditerranée

 

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Parmi les nombreux navires français du groupement des pondéreux, le s/s "Jean de Moulezin" a effectué sans interruption depuis le 25 juin 1959, date de son premier voyage, le transport de tubes entre Marseille et Sfax, destinés à la construction de l'oléoduc Edjele-La Skira.

Dès le premier voyage, des problèmes se sont posés pour que le transport s'effectue dans les conditions les plus favorables, tant au chargement qu'en cours de traversée et au débarquement. Avec l'expérience, je crois pouvoir dire que nous avons pu réussir au mieux des intérêts de tous.

Les questions arrimage, saisissage et accorage étaient au premier plan de nos préoccupations. L'arrimage dans les cales 2 et 3 ne présentait aucune difficulté. les murailles étant verticales. Afin d'utiliser au mieux le volume que la limite de sept plans nous permettait d'occuper, il fut décidé d'en charger également en travers de barque à l'avant de la cale 2, la longueur des tubes ne dépassant pas 12,20 mètres.

Pour les cales extrêmes il en était autrement. Il fallut réaliser un arrimage rationnel en utilisant au mieux la longueur des tubes car les formes du navire constituaient un obstacle qui nous obligea à confectionner des chantiers souvent complexes, mais toujours solides avec des madriers coupés et assemblés par les moyens du bord.

A la venue de l'hiver et après quelques traversées assez pénibles, nous avons jugé nécessaire de renforcer l'ensemble par 4 saisines de 22 mm allant chacune d'une membrure à son vis-à-vis, après avoir effectué un tour mort, serré à refus, par de solides ridoirs.

Le problème des pontées ne fut résolu qu'après bien des calculs d'ordre divers. Finalement il fût décidé de n'utiliser que les carrés de panneaux. Sur chacun d'eux, 80 tuyaux furent chargés en cinq plans.

Le saisissage de ces pontées trapézoïdales fut réalisé à l'aide de fils d'acier de 22 mm solidement fixés aux jambettes d'hiloire de cale, passant sous tes tubes puis par-dessus et revenant du bord de leur départ.

La fixation terminale, faite sur les jambettes de pavois, permettait une utilisation pratique et rapide des ridoirs.

Ces saisines, au nombre de huit, étaient disposées en vis-à-vis afin de répartir les points d'attache entre les deux bords.

Pour compléter la tenue de l'ensemble, 3 épontilles retenaient le plan de base d'ailleurs fixé, tuyau par tuyau, à l'aide de cales en forme clouées au chantier posé sur le panneau. Ce travail doit être effectué avec un soin particulier :

Il faut en surveiller l'horizontalité, car de cette condition dépend l'efficacité d'un parfait arrimage des tubes.

Au premier voyage, seule la pontée 2 n'avait pas été saisie de la sorte, l'éventualité d'un remplissage des coffres ayant été envisagée jusqu'à la fin du travail à ce panneau (on peut voir sur la photo la position moins favorable des ridoirs).

 

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L'expérience du mauvais temps en hiver nous conduit à prendre des mesures en rapport avec la fréquence des coups de vent; 8 épontilles au lieu de 6, 10 saisines au lieu de 8 et seulement 4 plans de tubes. De plus, entre chaque plan de tubes, des torons de fatras étaient disposés sur toute la largeur de façon à augmenter le frottement et à diminuer les risques de déplacements longitudinaux par violent tangage et forts coups de plat du navire.

Nous avons bénéficié pendant tout l'été d'un beau temps continu. Les rotations se sont faites du quai de Marseille au quai de Sfax en 65 heures. La cadence des voyages fût de quatre par mois.

Dès le mois d'octobre, les conditions atmosphériques ayant changé, les pontées nous ont valu de grandes inquiétudes. A plusieurs reprises, par gros temps et mer démontée, au risque de catastrophes, nous nous sommes trouvés dans J'obligation de mettre le nez dedans en prenant la cape. C'est à ce moment que nous avons apprécié J'avantage d'avoir le pont et les coursives dégagées car à tout moment J'équipage pouvait y avoir accès pour reprendre le saisissage de la pontée.

Avec l'année 1959 s'est achevée cette série de 20 voyages consécutifs Marseille Sfax: une promenade de 27.800 milles. Le "Jean de Moulezin" aura transporté 20.740 tonnes pour un total de 16.774 tubes représentant 201 kms de tuyaux.

Nous nous réjouissons à bord, qu'après avoir transporté tous ces tubes, aucune réserve n'ait pu être prise à l'encontre du navire et ce n'est qu'à notre dix-huitième voyage que nous avons dû reconnaître un tube avarié.

Pour terminer, je tiens à remercier le second Capitaine LE BLANC pour son dévouement, le Chef-Mécanicien BAZIN pour l'attention apportée à l'entretien des treuils, indispensables au déchargement, ainsi qu'à tout mon équipage dont l'aide efficace et la bonne volonté ont permis la réussite de ces voyages au mieux des intérêts de tous.

Les réceptionnaires des tubes à Sfax et les dirigeants de la Société construisant l'oléoduc Edjele-La-Skira ont manifesté le désir d'être reçus à bord à l'occasion de notre dernière escale à Sfax, ce qui permet de penser que notre s/s "Jean de Moulezin" aura bien rempli sa mission et laissera un bon souvenir à ceux qui ont eu l'occasion d'utiliser ses services.

 

Jean CREQUER, Capitaine du "Jean de Moulezin"

B-60/28

 

 

© UIM.marine - Site mis à jour le 03/06/2012   retour index  plan du site  plan archives

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