Union Industrielle et Maritime

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 "PERREGAUX"

Le plus gros camion du monde : BERLIET T100, 600 cv

 

Le 18 octobre 1958, le m s « Perregaux »  se trouvait amarré au quai du Maroc pour y effectuer son chargement habituel de divers et de véhicules.

Pourtant sa jeune carrière devait être marquée d'un fret exceptionnel : de nombreuses personnalités, en même temps que de simples curieux et des photographes, s'étaient rassemblés pour assister à l'embarquement du T. 100 Berliet, le camion saharien révolutionnaire à l'estomac d'autruche, assimilant les carburants les plus variés et aux roues de 2,40 m, hauteur idéale (homme bras levés) des appartements Le Corbusier.

Malgré la largeur (4,80 m) et les 55 tonnes du « colis », le Ponton « Goliath » matant sa flèche, présenta le T. 100 exactement à l'aplomb de la cale n° 1 du m/s « Perregaux » dans laquelle, très lentement, il disparut... à destination de l'Algérie.

 

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T100 n°1 : version pétrolier

Le premier T100 de la série, construit en 1957, fut surtout plus un "modèle d'exposition" qu'un modèle actif. Il fut présenté lors de plusieurs salons ou manifestations (Paris, Lyon, Avignon et Helsinki en 1957 - Casablanca en 1958 - Francfort et Genève en 1959).

De retour à l'usine de MONPLAISIR il effectua une série de tests avec son jumeau le T100 n°2, fut rallongé de 1,80m, repeint en rouge et reçu le nouveau moteur CUMMINGS de 700ch.

Il fut envoyé en Algérie et basé à OUARGLA. Sa couleur est passée du rouge au blanc et des ridelles furent rajoutées. Il servit au transport de lourdes charges de matériels pétrolifères : derricks, treuils et autres matériaux dans la région du Grand Erg Oriental et Occidental.

L'indépendance de l'Algérie sonna le glas de la prospection pétrolière et la mise au "placard" des T100.

A ce jour le T100 n°1 est en état d'épave à HASSI-MESSAOUD.

 

 

Le BERLIET T100, 700 cv

 

Fiche d'identité :.T100-2.jpg

Nom : T. 100.

Age : dernier né.

Lieu de naissance : VENISSIEUX.

Longueur : 15,15 m.

Largeur : 4,96 m.

Hauteur : 3,95 m.

Poids : ... voir plus loin.

 

Vous avez pu lire dans la Presse un bref entrefilet signalant que le géant des Sables ou le plus grand camion du monde avait été embarqué par le « Goliath », lundi 19 à Marseille.

Cela paraît très simple et pourtant ! ! !

 

Vendredi 16-9-1960 - Après-midi.

Nous sommes informés que le T. 100 est en route et qu'il sera à quai demain matin, première heure ; poids donné 55-58 tonnes d'après estimation de l'Usine puisque de gabarit trop important, il ne peut passer sur une bascule.

Branle-bas de combat, décision prise de le mettre à fond de cale 2-2 bis du s/s « Colomb Bechar ». On retient le ponton « Nicolas Savon » — puissance 60 tonnes — en spéculant sur le fait qu'on pourrait éventuellement alléger le véhicule en démontant la roue de secours qui pèse la bagatelle de 1.400 kilos, et l'on prévoit l'opération pour le lendemain matin 9 heures.

Congratulations générales !

 

Samedi 17-9-1960 - Matin.

Neuf heures sont passées, le camion est toujours à terre. Une foule nombreuse de Techniciens et de curieux l'entoure, car d'après le Convoyeur des Usines BERLIET, il pèserait 60 tonnes sans la roue de secours ; qu'à cela ne tienne, on démontera les ridelles et tout ce qui peut se démonter et l'on décide l'embarquement vers 14 heures.

 

Samedi 17-9-1960 - Après-midi.

Consternation générale. On a tout démonté, élingué le colis, et « Nicolas Savon » essaye vaillamment de le soulever, mais hélas ce n'est pas le camion qui monte mais le ponton qui descend.

Conclusions des Spécialistes ponton : il doit peser dans les 65 tonnes sans ses accessoires.

Que faire? Retarder le « Bechar » à dimanche. Impossible nous avons des périssables à bord ; finalement après avoir suggéré la possibilité de démonter toutes les roues du camion pour l'alléger encore, et avoir abandonné, horrifiés, cette idée car il ne faudrait pas moins de dix heures de travail, la solution est trouvée ; on chargera lundi sur le « Perregaux » qui devait partir sur Alger, et on l'enverra ensuite sur Oran.

Oui, mais si le Mistral souffle lundi, le « Goliath » ne se déplacera pas. Eh ! bien Mahomet ira à la Montagne et le « Perrégaux » ira s'accoster dans ce cas contre le ponton, et l'opération se fera quand même.

 

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Lundi 19-9-1960 - 16 heures.

La foule des grands jours est là, le ponton aussi et l'embarquement commence.

Puissamment enlevé par « Goliath » notre camion s'élève « gracieusement », évite le pavois et s'engouffre dans le faux-pont 1 du « Perrégaux » lequel doit se croire ramené un an en arrière, car il a déjà emporté le premier T. 100.

Une fois le colis en place, on dispose sur son plateau 6 voitures de tourisme, histoire d'éviter le gaspillage.

Les photographes professionnels et les autres s'en donnent à cœur joie. Les sourires refleurissent.

C'est ainsi que vous avez pu lire que tout s'était bien passé. Il est vrai qu'un de nos Quotidiens n'en avait jamais douté, en publiant dimanche que le T. 100 était descendu en cale 2 du « Bechar » sans incidents, et qu'il était parti le samedi soir sur Oran.

Finalement le « Perregaux » appareillera vers 19 heures avec 145 voitures à bord et le T. 100.

Il est bien évident que le déroutement du « Perregaux » a causé une certaine perturbation dans nos services réguliers et que plusieurs « acrobaties » ont dû être faites pour rentrer à nouveau dans notre cadre d Exploitation ; mais l'essentiel, n'est-il pas vrai, est que le Client soit content, et nous pensons qu il le fut.

M. FERAUD.

 

T100 n°2 :

Le deuxième T100, construit en 1958 et peint en beige sable, ne connut pas la gloire médiatique de son aîné car il fut aussitôt envoyé en Algérie à Hassi-Messaoud pour la prospection pétrolière. Il servit au transport de lourdes charges de matériels pétrolifères : derricks, treuils et autres matériaux dans la région du Grand Erg Oriental et Occidental où il donna entière satisfaction.

Il fut basé à Touggourt en 1960 et repeint en rouge pour l'inauguration de la base du T100 n°1 à Ouargla avant d'être repeint à nouveau en couleur sable.

En 1980 était créée la fondation BERLIET (racheté par RENAULT) et M. Paul BERLIET demande à cette occasion le don du T100 n°2 par l'Algérie afin d'être placé dans le futur musée. En janvier 1981 débuta la restauration du véhicule avant son retour en France via la Tunisie. Il arriva à Lyon en mars 1981 et trône depuis à la place d'honneur du musée de la Fondation BERLIET.

 

Sources b UIM n°s 24, 1959 et 29, 1960

 

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