Armateurs Français

Union Industrielle & Maritime

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 Les Chefs Mécaniciens :

 

QUIBEUF Auguste

 

Entré aux " Armateurs Français " en octobre 1919, M. QUIBEUF fut successivement Chef Mécanicien, Mécanicien d'Armement et Inspecteur Général des Services d'Armement depuis le 30 janvier 1947. M. QUIBEUF est Chevalier du Mérite maritime et Chevalier de la Légion d'honneur

 

Ingénieur d'Armement

 

Démobilisé fin septembre 1919, rencontre Jean Dolo qui venait de s'engager aux Armateurs Français et qui le présente à Henri CANGARDEL. C'est ainsi qu'il entre à la société en octobre 1919.

Chef mécanicien sur plusieurs navires de la société, " Ribeauvillé " ex " War-badger " qu'il va chercher à Liverpool, Il est chargé de prendre livraison de bateaux en bois désarmés à Scapa Flow, parmi lesquels il essaie de choisir "les meilleurs",  " GUEBWILLER ",  " PAUL DE ROUSIERS ".

M. QUIBEUF fut successivement Chef Mécanicien, Mécanicien d'Armement et Inspecteur Général des Services d'Armement depuis le 30 janvier 1947. Devient Ingénieur d'armement des Armateurs Français.


1921, sur Guebwiller

Mort d'Auguste QUIBEUF

Inspecteur général d'armement honoraire

La mort d'Auguste QUIBEUF crée un nouveau vide parmi les anciens de la Société. Quelques extraits de ses souvenirs maritimes ont déjà été donnés dans le bulletin, mais il avait vécu tellement d'aventures, connu un si grand nombre de ports et de navires, qu'un livre aurait pu lui être consacré et il n'aurait pas épuisé soixante années d'activité maritime dont plus de cinquante au service de notre Société.

M. Charles Fourcher retrace pour ce bulletin la vie de notre ami, depuis ses premiers embarquements sur les cargos des Armateurs Français ; je désire pour ma part rappeler d'anciens souvenirs, lorsque sortant de mon service militaire avec le grade d'enseigne de vaisseau et mon diplôme d'ingénieur civil du Génie maritime, je dus me familiariser avec les charbonniers dont mon père nous parlait tellement. C'était en octobre 1935 et mon apprentissage commença en accompagnant Auguste QUIBEUF dans plusieurs de ses voyages.

Notre ami s'est éteint le 5 mai, dans sa 87e année, entouré des soins affectueux de Mme QUIBEUF.

J'ai tenu à venir apporter personnellement, le 9 mai, à la dépouille de notre ami le dernier adieu de la Société et accompagné par Mlle DONON, Jean POULAIN et PORCHER, nous nous sommes retrouvés côte à côte aux obsèques célébrées dans la petite église de Sanvic. Le curé de la paroisse qui connaissait bien notre ami sut trouver des paroles d'espoir et de consolation qui venaient du cœur.

Parmi l'assistance, on remarquait la présence de M. et Mme Marcel TACONET, venus de Rouen, ainsi que MM. LE RHUN, actuellement professeur d'hydrographie, et MALETRA, inspecteur de la navigation en retraite.

Au cimetière de Sanvic, après la dernière bénédiction du curé, j'ai prononcé ces quelques mots devant la famille et quelques intimes :

" Je tiens à apporter ici le témoignage de l' UNION INDUSTRIELLE ET MARITIME, dont je suis président du Conseil de surveillance, car je ne peux oublier que notre ami Auguste QUIBEUF s'est mis à son service dès 1919 et ne l'a plus jamais quittée.

" Je ne peux oublier personnellement ce que je dois à Auguste QUIBEUF, lorsqu'il a guidé mes premiers pas d'ingénieur à la Compagnie, en me faisant connaître en détails les particularités des navires charbonniers.

" Je dois faire mention également du travail exceptionnel accompli pendant les sombres années de la guerre, lorsqu'il a supervisé dans la région nazairienne les réparations des remorqueurs de l' Union des Remorqueurs de l'Océan.

" Sa compétence n'avait d'égale que son dévouement et son amour du travail bien fait. Sa figure était b'en connue et appréciée dans tous les ports européens, où nos navires faisaient escale.

" Votre famille, que je salue avec émotion, vous pleure après une longue existence entièrement consacrée à la Marine Marchande ; tous vos amis — et ils sont nombreux — gardent votre souvenir gravé dans leur cœur, ils vous disent comme moi-même adieu et merci. "

M. CANGARDEL Président du Conseil de Surveillance de l' U.I.M. Président de l' U.R.O.

b/U.I.M. n°69/07-1973

Auguste QUIBEUF était fier de son ascendance Viking, qui lui avait donné dès son plus jeune âge le goût de la mer. Il embarqua d'abord comme soutier puis successivement chauffeur, graisseur, car à l'époque il n'y avait ni pilotins, ni élèves ; puis se présenta à l'Ecole des Mécaniciens de Brest et en sortit avec un excellent classement.

Désirant compléter son instruction, il entra à l'Ecole des Scaphandriers dont il fut breveté ; cette formation devait d'ailleurs lui servir à maintes occasions. Il fit la campagne de guerre au Maroc et après avoir fait partie des compagnies de débarquement à Casablanca, Safi, etc. fut en 1909 rendu à la vie civile.

Après un embarquement aux " Affréteurs Réunis ", il entra au cours et obtint son brevet d'officier mécanicien de 1re classe et embarqua à la Compagnie Générale Transatlantique sur le " PROVENCE " où il prit les fonctions de chef électricien, puis sur le " HAÏTI " où il resta quatre ans et eut en 1915 sa première proposition pour la Légion d'honneur.

En 1918, il eut la lourde tâche, en qualité de chef mécanicien, d'armer un bateau en bois de 3 000 tx où il eut à vaincre beaucoup de difficultés provenant à la fois de l'état du navire et de l'insuffisance du personnel de l'époque.

Toutefois, dans ses souvenirs, il était trop modeste pour faire état de sa carrière professionnelle, et c'est pourquoi nous serions fautifs de ne pas évoquer aussi succinctement que possible son activité et l'ampleur de ses services à l' U.I.M.

C'est en septembre 1919 que notre président fondateur, M. Henri CANGARDEL, qui avait pris la direction des " Armateurs Français " sur la recommandation de MM. Lannes et Humbert qui l'avaient apprécié dans ses fonctions à la Compagnie Générale Transatlantique, fait appel à M. QUIBEUF pour, sur le plan technique, prendre la charge avec le capitaine Lacroix, des navires qui étaient affectés aux " Armateurs Français ".

Il fut une période où les " Armateurs Français " eurent 46 navires à exploiter. Les responsabilités pour Auguste QUIBEUF étaient alors très importantes, en raison non seulement du nombre de navires mais de leurs défauts de construction. C'est ainsi qu'il eut à intervenir après les naufrages corps et biens de plusieurs navires du type " MARIE-LOUISE ".

Auguste QUIBEUF fit partie de la Commission Doyere avec M. DOUSSET et, à la suite des mesures prises, ces navires n'eurent plus ni accidents ni incidents.
En 1925, l' U.I.M. était créée, tout en assurant la gérance des navires encore existants des " Armateurs Français ", de nouveaux navires, tous de seconde main, mais sélectionnés, étaient incorporés.

Pendant les années qui précéderont la guerre de 1939, Auguste QUIBEUF, d'abord seul, eut à mettre en service tous navires, à les corriger, à suivre les réparations annuelles, à faire réparer les avaries. Dans cette période en effet, le trafic de l' U.I.M. couvrait surtout le nord de l'Europe. Les principaux ports fréquentés étaient en Angleterre, Cardiff et Newcastle, en Hollande Rotterdam, en Belgique Anvers, et en France Dunkerque, Rouen, Nantes, Bordeaux et Marseille. Il en résultait pour lui des déplacements continuels pour assurer la mise au point des listes de réparations, leur surveillance, les rapports avec les chantiers de réparations ou avec les experts des assureurs, la discussion des prix, etc.

Fort heureusement il avait une santé de fer, une promptitude à prendre ses décisions toujours bien pesées, et sa valeur technique, son optimisme, son dynamisme, sans oublier sa bonne humeur, venaient à bout des difficultés.

Il fut très heureux lorsque M. CANGARDEL prit la décision de commander un navire neuf aux chantiers Smith Dock à Middlesbrough, il participa à sa conception, et ensuite à la surveillance de sa construction, ce fut le " CAPITAINE SAINT-MARTIN " qui devait être qualifié dans les revues anglaises de " Best Collier in thé world ". Le navire fut livré en 1939, puis ce fut la guerre où du fait de la mobilisation, M. QUIBEUF se trouva pratiquement seul à assurer le département technique.

Il fut en même temps chargé de mission, spécialement en Hollande, pour acquérir des unités destinées à la Défense nationale. Durant l'occupation détaché à Saint-Nazaire, il s'occupa à l' U.R.O. des remorqueurs et de leur entretien. Il habitait alors Severac, mais dut subir la pénible existence en 1944 des populations de ce qu'on appelait la " Poche de Saint-Nazaire ", il fit alors partie d'un groupe de résistance très actif.

Dès la libération, il reprit ses fonctions, il y avait un gros travail à accomplir car les navires rescapés de la guerre avaient beaucoup souffert.
En outre, il était nécessaire de remplacer les navires perdus, des commandes furent lancées en France, au Canada et en Angleterre sur un programme commun aux Armateurs Charbonniers, l' U.I.M. étant chef de file pour les navires de 5000 tonnes. Et c'est ainsi que M. QUIBEUF eut à suivre la construction du " CAPITAINE JEAN FOUGERE " puis du " CAPITAINE PIERRE MERIC ". Mais l'ère de la machine à vapeur était dépassée, et les nouveaux navires furent alors pourvus de moteurs Diesel. Ce grand spécialiste de la vapeur et des chaudières de tout type, s'adapta très vite à cette nouvelle catégorie d'appareils moteurs, et sut initier les officiers mécaniciens de l' U.I.M. à cette technique nouvelle pour eux, et il y réussit brillamment. Le dernier navire à vapeur incorporé à la flotte de l' U.I.M. fut le " MAGELLAN " qui fut modernisé en remplaçant la chauffe au charbon par la chauffe au mazout, et qui devait s'illustrer par le transport de wagons sur les U.S.A. sous le sigle " Merci America ". Ce navire constitue d'ailleurs la première expérience de l' U.I.M. au long cours.

Les années s'écoulèrent, Auguste QUIBEUF courant d'un port à l'autre, s'occupant non seulement des navires en service mais aussi de tous les navires en construction.

Mais en 1961, à la suite d'une visite sur le m/s "JACQUES D'ANGLEJAN ", il fut immobilisé par une paralysie partielle des jambes et renonça à toute activité, et après une vie mouvementée et active, il dut se ménager, il s'adapta à une vie sédentaire, soigné avec le plus grand dévouement par Mme QUIBEUF. Il avait perdu son fils Claude, alors second capitaine à l' U.I.M. à la suite d'une leucémie, mais ses fils Max et Gilbert l'entourèrent de toute leur affection.
C'est un grand serviteur de l' U.I.M. qui vient de disparaître, il y a consacré toute son activité et nous garderons pieusement le souvenir de cet homme exceptionnel.

Auguste QUIBEUF était chevalier de la Légion d'honneur et chevalier du Mérite Maritime.

Ch. POURCHER, Directeur honoraire.

b/U.I.M. n°69/07-1973

 

Révision 2012-08-22

 

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