Né à CHERBOURG le 8 mars 1875, M. Henri GONNEVILLE
avait fait l'École des Arts et Métiers d'ANGERS, au
titre de la promotion 1894.
En sortant des Arts et Métiers, et compte tenu de son
origine Cherbourgeoise, il fut attiré par la marine.
Formé à la dure école pratique qui existait alors, il
gravit tous les échelons d'officier marinier pour
devenir Officier Mécanicien en 1911.
Affecté en 1913 à CARDIFF, comme représentant de la
Marine, chargé de la surveillance des achats de
combustible, il y passa toute la guerre de 1914-1918 et
reçu d'ailleurs, du Ministre de la Marine de l'époque,
l'Amiral LACAZE, un témoignage officiel de satisfaction
rempli d'appréciations élogieuses.
Devenu un spécialiste des achats de charbon gallois,
M. GONNEVILLE décida alors de s'installer à CARDIFF et
il devint dans ce port, en 1920, Directeur de la
Compagnie Générale de Combustible et d'Armement. C'est à
cette occasion qu'il entra en rapport avec les ARMATEURS
français, dont il devenait l'Agent.
Il fonda " H. GONNEVILLE Limited " en 1921 et, en
1925 rejoignit mon père lorsqu'il créa l' U.I.M., dont il
fut l'un des premiers Administrateurs.
Tous nos Capitaines anciens, c'est-à-dire tous ceux
de la flotte à charbon, ont bien connu M. GONNEVILLE et
son fidèle collaborateur Stanley evans.
Nous avions chaque semaine plusieurs navires
chargeant dans le Canal de Bristol, connaissant la joie
des spouts où l'on mélangeait, d'une manière qui paraît
bien archaïque aujourd'hui, les cargaisons des mines
arrivant par des petits wagons basculant sur des
ascenseurs hydrauliques. C'était le navire qui se
déhalait sur les ordres du contremaître, le poste de
chargement étant fixe et le matériel de conception "
victorienne ".
M. GONNEVILLE reçut très amicalement de nombreux
français qui venaient auprès de lui à l'Exchange de
CARDIFF pour retenir quelques rudiments de la langue
anglaise et de science du shipping. C'est en copiant les
chartres Welcon et Welsh Coal que beaucoup ont appris
les finesses de l'affrètement et la beauté des clauses,
imprimées ou manuscrites des chartes-parties
britanniques. J'y commençais ma carrière en 1939 et
conserve toujours le souvenir de ces premiers mois de
formation.
M. GONNEVILLE habitait aux environs de CARDIFF et
recevait, le Dimanche, de manière charmante dans sa
maison de Dinas-Powis. Propriétaire d'une excellente
cave, les jeunes stagiaires, dont j'étais, évitaient
chez lui la nourriture un peu trop traditionnellement
britannique que l'on trouvait dans les pensions de
famille de CARDIFF ou de PENARTH, et j'en garde, comme
de toute l'amitié rugueuse qu'il me témoignait, un
souvenir ému et reconnaissant.
Grand expert en matière de charbons du Pays de
Galles, parfaitement secondé par Stanley EvANS dont la
gentillesse égalait la compétence, M. GONNEVILLE s'était
créé à l'Exchange de CARDIFF une réputation très
enviable.
Lorsque le Général de gaulle fit son appel célèbre en
juin 1940, M. GONNEVILLE le rejoignit et remplit dans
les Forces Françaises Libres un rôle important. Son fils
Félix, qui avait été son représentant avant la guerre à
l'Agence de NEWPORT, avait rejoint également le Général
à LONDRES où il travaillait à son État-Major.
Après la guerre, M. GONNEVILLE rentra en France et,
tout en conservant ses liens étroits à l' U.I.M., dont il
est resté l'Administrateur jusqu'en 1961, vécut d'abord
dans une ferme d'EGUILLES, aux environs
d'AIX-EN-PROVENCE, avant d'acheter une petite maison aux
OLIVES, dans la banlieue de MARSEILLE.
M. GONNEVILLE s'y est éteint doucement, entouré de
son fils et de ses deux petits-fils, le 17 décembre
1966.