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Les
Administrateurs :
GRASSIN Pierre |
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Le 20 mars 1958, à Port-de-Bouc, M. GRASSIN,
administrateur de l' U.I.M., assistait à la cérémonie
très simple de la pose des premiers éléments de notre
nouveau cargo de 5800 tonnes. Ce navire s'appellera
désormais Jacqueline, l'autorisation de porter ce
nom lui ayant été finalement accordée.
Ce prénom honorera à la fois le souvenir de la fille
ainée de M. GRASSIN, enlevée à l'affection des siens il
y a quelques années, et rappellera celui d'une petite
nièce de notre président, qui sera la marraine du
navire.
Aux Chantiers de Provence, à Port-de-Bouc également,
la préfabrication permet un montage rapide des éléments.
Le navire doit être lancé au début du mois de
septembre et sa mise en service est prévue pour la fin
de l'année.
b/U.I.M. n° 68/04-1973 |
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MORT DE M. PIERRE GRASSIN
En apprenant la mort de M. Pierre GRASSIN, notre
Président a tenu à rédiger lui-même, en témoignage de la
profonde amitié qui le liait au disparu, le texte
consacré à l'évocation de sa carrière.
J'écris ces lignes tout près de Genève, dans un petit
coin tranquille, à Divonne-les-Bains où je suis venu
prendre quelques jours de repos. Le calme qui m'entoure
est une excellente préparation à l'évocation de la
personnalité de mon ami Pierre GRASSIN. Il fût mon
camarade dans le Corps des Administrateurs de
l'Inscription Maritime et j'eus le privilège de
travailler en intimité avec lui à plusieurs reprises, et
notamment, pendant mon séjour à l'Administration
Centrale de la Marine Marchande, il était également
l'ami intime de Lucien CAUWES, qui a laissé un profond
souvenir dans la marine.
Pierre GRASSIN était né le 4 août 1888, à Chef-Boutonne,
dans les Deux-Sèvres. Après avoir fait son Droit — il
était Docteur en Droit, ayant fait une thèse fort
brillante sur le Crédit Maritime — il suivit, comme moi,
la carrière de l'Inscription Maritime.
Cette carrière fût assez courte puisqu'à peine sorti de
l'Ecole et après un séjour au Quartier de Bordeaux, il
demandait à embarquer et servit comme commissaire sur
différentes unités.
Il fut notamment embarqué sur un cargo de prises, le "
DINORA ", torpillé par un sous-marin allemand, et reçut
la médaille militaire à la suite de cet acte de guerre
d'où il sortit heureusement.
Dès sa démobilisation, au printemps de 1919, Pierre
GRASSIN entra comme chef d'armement à la Compagnie
Delmas et Vieljeux, à La Rochelle
Entre temps, il avait épousé Mlle Denise PEROCHE,
appartenant à une grande famille des Deux-Sèvres,
propriétaire du château " Bel-Air ", à Saint Symphorîen.
C'est là que Pierre GRASSIN s'installa après la mort de
son beau-père, abandonnant l'armement pour se consacrer
aux questions agricoles, tout en restant très attaché à
tout ce qui le rapprochait de la mer.
C'est ainsi que le 20 juin 1925, après avoir passé la
soirée avec GRASSIN et sa jeune femme, j'expliquais à
mon ami mon désir de créer une petite société
indépendante : l' UNION INDUSTRIELLE ET MARITIME, au
capital dérisoire de 300 000 F, mais qui ne tarda pas à
être augmenté.
M. GRASSIN me donna immédiatement son adhésion et Je pus
alors acheter les deux premiers cargos de notre flotte.
M. GRASSIN entra au Conseil d'Administration, qu'il ne
quitta qu'à sa mort survenue le 13 juin dernier. Il fut
ainsi associé à cette initiative comme il le fut à
toutes celles que je pris ultérieurement.
Il partageait désormais son activité en deux secteurs,
l'essentiel, bien entendu, restant ses activités
agricoles où son autorité et sa compétence le firent
désigner à de nombreux et importants postes. Il fût
président du Groupe des Laiteries Coopératives de Poitou
et de Charente, à Frontenay-Rohan-Rohan. La gérance des
grandes propriétés appartenant à la famille de sa femme
l'occupait également, ainsi que l'élevage de truites,
qui fut vite prospère.
Il revint à la Marine marchande au début de la deuxième
guerre, puisqu'il fût nommé chef des transports
maritimes au port de La Palliée.
A l'armistice, i! fut responsable du ravitaillement en
beurre et en viande pour cinq départements.
A la Libération, il reprenait son poste à La Palliée,
puis se consacrait uniquement à ses affaires agricoles,
tout en suivant avec grand intérêt le développement de
sa " chère U.I.M. " comme il le disait. Il m'écrivait
très souvent et il continuait à se passionner pour notre
Maison et pour tout ce qui était maritime.
Il allait souvent dans les ports de Nantes, La Palliée.
Bordeaux, visiter nos navires, spécialement " JACQUELINE ", puisque ce navire portait le nom de sa fille aînée,
tendrement aimée, et enlevée à l'affection des siens en
venant de mettre au monde un nouvel enfant. Ce fut pour
notre ami et sa famille un malheur impossible à
consoler,
GRASSIN, malgré toutes ses initiatives, était resté un "
homme de famille ", sa fille cadette le seconda
parfaitement, mais il y a des malheurs qui sont
inconsolables.
Ces dernières années, musicien averti, il se découvrit
une nouvelle passion : celle des instruments anciens et
commença une magnifique collection de violons de toutes
époques, dont il jouait avec passion et en virtuose, et
qui sont considérés comme des œuvres d'art par tous les
spécialistes de musique ancienne.
Atteint par la maladie, ces derniers mois je n'ai pu le
rencontrer, et sa mort l'a frappé au moment où moi-même
souffrant, je n'ai pu, à mon vif regret, lui porter mon
dernier adieu, en l'église de Saint-Symphorien, le 15
juin.
C'est par ces quelques lignes que je lui témoigne
aujourd'hui, ainsi qu'à tous les siens, ma fidèle et
affectueuse amitié.
Henri CANGARDEL.
b/U.I.M. n°51/10-1968 |
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Révision
2012-08-17
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