Liquidation de la flotte d'état

remonter

Les Schooners construits en Amérique pour l'Etat Français 1917-1919.

Flotte en bois commandée en Amérique pendant la guerre par la mission Tardieu pour l'Etat Français pour le remplacement d'unités disparues.

Les schooners en bois, bien qu'ayant la première cote au Veritas étaient mal calfatés, au mastic, construits en bois vert, avec des voilures mal disposées, et des chaudières aux tubulures défectueuses. Ces voiliers auront une vie très courte, ils naviguèrent si peu que le public, habitué à les voir constamment amarrés le long des quais ne connut  leurs  longues files immobilisées que sous le nom de "Flotte aux pieds nickelés".

Schooners patrouilleurs 4 mats à moteur auxiliaire,  

Huit schooners quatre mats, dits de "Terre Neuve", pour la surveillance de la pêche.

Escorte armée des voiliers morutiers de retour des bancs de terre Neuve. L'armement qui était composé de quatre canons de 90 et un de 105 avait lieu à Savannah. Les schooners construits à Seattle devait donc descendre sur Panama, traverser par le canal, puis remonter sur Savannah et y subir les transformations nécessaires pour les transformations militaires.  Ces bateaux qu'un équipage de quinze hommes conduisait en temps normal, étaient destinés du fait de leur mission, à héberger une soixantaine de matelots.

  • "Alsace", 1917, 1129 tpl, 3200 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Howland & Nelson, Beaumont, USA. Port armement Brest. Vendu 1922, à l'armement Valoussière, Brignaudy, Lieutaud, Perdu par naufrage, sombra en mer après incendie, 45 nm des Iles Baléares 21.1.24.

  • "Arras",   1918, 1617 tpl, 2500 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Puget Sound Bridge and Dredging Co., Seattle, USA. Port armement Brest. Resta désarmé à Boulogne durant de longs mois. Vendu 1923, à un armateur brestois, M.L. Blondel, qui le convertit en ponton, machine retirée 1924, démoli en 1935.

  • "Barleux", 1917, 1607 tpl, 2600 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices.  Puget Sound Bridge and Dredging Co., Seattle, USA. Port armement Brest. Vendu Compagnie Orientale. Perdu en novembre 1920, fut victime d'un incendie suivi d'explosion près de Cherbourg  6.11.20 et démoli.

  • "Dixmude", 1918, 1614 tpl, 2500 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Puget Sound Bridge, Seattle, USA. Port armement Le Havre.  Resta désarmé longtemps à Lorient. Vendu, il reprit la mer mais, allant de Swansea à Venise, il dû relâcher à Alger, en détresse en novembre 1920, où il fut démoli en avril 1922. Il avait de l'eau dans ses cales et avait perdu ses voiles.

  • "Douaumont", 1917, 1607 tpl, 2500t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Puget Sound Bridge, Seattle, (géorgie), USA. Port armement Le Havre.  Perdu devant le cap de Creux le 28 octobre 1920, Capitaine Roullois, pris dans un coup de vent d’Est s’échoue sur une plage du cap Creux. Le navire se fendit en deux et le capitaine et quelques matelots parviennent à gagner la côte à la nage.

  • "Peronne", 1918, 1618 tpl, 2500 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Puget Sound Bridge and Dredging Co., Seattle, USA. Port armement Brest. A relâché sur rade de Cherbourg en avril 1920. Vendu, fut transformé en ponton à Brest en 1923 et démoli en 1935,

  • "Verdun", 1918, 1353 tpl, 3000 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Savannah Engr, Savannah, USA. Port armement Bordeaux. Perdu, séjourna longtemps au Havre pour réparer ses moteurs et lors d'essais à Rouen le 5 avril 1920 le navire prit feu. Il fut démoli.

  • "Ypres", 1918, 1617 tpl, 2600 t, 480 HP, 2 moteurs diesel, 2 hélices. Puget Sound Bridge and Dredging Co., Seattle, USA. Port armement Brest. Vendu, fut acheté par un armateur américain en janvier 1923, qui fit retirer la machine et  le transforma en voilier renommé "Blue Bird" et après avoir rompu ses amarres et à deux doigts de sombrer, abandonné par son équipage tout en continuant à flotter, en 1932, sombre Perth Amboy 6.3.32.

Surveillance de la pêche.

Ces schooners furent utilisés comme patrouilleurs sur les bancs de Terre-Neuve. En effet, en 1917, l'apport de morues fut des plus mauvais, tant en raison des pertes infligées par les sous-marins que de la mobilisation des inscrits maritimes, faite sans beaucoup de discernement, et qui avait empêché l'armement de nombreux morutiers.  

L'idée germa donc au Ministère de la Marine d'affecter ces navires à l'escorte et à la surveillance des pêcheurs. Malgré l'avis défavorable de l'officier chargé d'étudier le problème et qui trouvait peu habile d'opposer aux sous-marins des navires sans vitesse et trop visibles, le projet fut adopté pour la campagne de 1918.

Huit navires y furent affectés : "Alsace", "Arras", "Barleux", "Dixmude", "Douaumont", "Peronne", "Verdun" et "Ypres".

Ces navires, armés au commerce avec 12 à 14 hommes, furent armés sous la flamme de guerre tricolore avec plus de 60 hommes. Il faut dire qu'il y avait dans le personnel fourni peu de gens ayant navigué et encore moins de matelots sachant ce qu'était un voilier. On les arma aussi lourdement avec deux canons de 90 à l'avant, deux canons de 90 à l'arrière et un canon de 105 au milieu.

C'est à Savannah, au nord de la Floride, sous un climat merveilleux, que se fit sans hâte, avec les ordres et les contre-ordres habituels, la mise en état de la patrouille. Les marins au col bleu et au pompon rouge appréciaient semble-t-il cette escale, fêtés par les yankees francophiles.

En haut lieu, on voulait bien sûr garder secrète cette expédition, mais les caisses de matériel qui arrivaient de partout portaient en lettres énormes la destination de Terre-Neuve. C'était donc un secret de polichinelle...

Les terre-neuvas étaient depuis longtemps sur les bancs quand le premier schooner appareilla en Mai 1918. C'était le DIXMUDE. Les autres suivirent peu à peu, certains avec de longs retards.  

Ainsi, l'YPRES avait modifié son gréement de mâts de flèche pour porter plus de toile. Mais au lieu de les tenir au moyen de galhaubans à ridoirs fixés sur les cadènes de la coque, il avait utilisé des crocs à ciseaux.

A peine débordé de la côte, et sous l'effet du roulis, un des crocs de la mâture haute tribord s'ouvrit. Le galhauban vint alors balayer le gréement de tribord jusqu'au grand mât arrière. A l'exception du mât avant, tous les autres tombèrent successivement et sous leur poids, le schooner resta couché sur bâbord, menaçant de chavirer. Dans une telle situation, un équipage du commerce chevronné aurait immédiatement débarrassé le pont de tous les débris menaçant la sécurité du navire. L'officier de marine qui commandait le schooner trouva plus expéditif de tirer dessus avec des obus de 90 mm pour nettoyer le pont d'un seul coup. Il y renonça finalement quand il vit l'inutilité de la méthode et la disparition rapide de ses munitions tandis que les débris demeuraient sur le pont.

Le moteur étant comme par hasard en panne, il lui fallut cinq jours sous voilure de fortune pour revenir en vue de côte où un remorqueur vint le chercher. Trois mois de réparations suivirent...

Finalement, l'escadrille de schooners commença sa mission au milieu de l'été 1918, alors que la campagne de pêche touchait à sa fin. En Septembre, commença la partie importante de la mission, l'escorte des morutiers jusqu'en France, avec leur précieux chargement. Malheureusement, par bonne brise et sous allure de largue, les schooners donnaient difficilement 7 nœuds. Les petits trois-mâts de Saint Malo, Saint Servan, Granville ou Fécamp, sans être de grands marcheurs, les dépassaient largement. Au bout de quelques heures les convois, difficilement formés, furent dispersés. De plus, les pêcheurs répondaient rarement aux signaux, ne les connaissant pas ou ne voulant pas les connaître.

La patrouille rentra au complet à Brest, sans avoir rencontré le moindre sous-marin. Mais les escorteurs avaient perdu tout contact avec les convoyés, arrivés bien avant eux.

 

 

 

Recherches en cours

Tous renseignements sont les bienvenus, merci

 

Sources,

Lacroix Louis, Les Ecraseurs de Crabes sur Les Derniers Voiliers Caboteurs, Aux Portes du Large, Nantes, 1947. pp 282-285.

Presse d'époque, Ouest-Eclair,

Miramar shipindex.

Alain de Serdac, Marine en bois, Editions des Portiques, 1932.

Lacroix Louis, Les Ecraseurs de Crabes sur Les Derniers Voiliers Caboteurs, Aux Portes du Large, Nantes, 1947.

Picard H. Les schooners à vapeur de notre flotte d'Etat (1917-1923), CNRS,  Marseille,1983, no134, pp. 112-117.

http://www.sjohistoriskasamfundet.se/LB/Nautica/Ships/Schooners/Schooners(aux).html

 

Révision 2011-02-03

© UIM.marine - Site mis à jour le 02/07/2012   retour index  plan du site 

Si vous possédez des informations ou des cartes postales ou photographies inédites concernant ce navire ou ce dossier

et que vous acceptiez  de les partager en les publiant sur ce site, merci de prendre contact. uim.marine[at]free.fr

Venez partager vos connaissances sur cette compagnie ou vos souvenirs de navigants sur le forum UIM.