L'Union des Remorqueurs de l'Océan

remonter

 

Société apparentée à l' U.I.M., l' URO, Union des Remorqueurs de l'Océan, a été créée en 1939 par la fusion de plusieurs sociétés assurant les services de remorquage des ports français de l'Océan Atlantique: Brest, Saint-Nazaire, La Pallice, Bordeaux et Bayonne. L' URO tient son origine de l'Union Française Maritime.

Elle fut présidée par M. Maurice Cangardel. J. Dousset puis le Commandant Georges Carus en ont été Administrateurs Directeurs Généraux.

Parmi ces sociétés regroupées, il faut noter l'Union Française Maritime qui possédait "Iroise", célèbre navire de sauvetage basé à Brest qui réalisa de 1925 à 1930 un grand nombre d'assistances spectaculaires , l' E.G.T.M. (Entreprise Générale de Travaux Maritimes) de Bordeaux et la Société Nazairienne de Remorquage et de Sauvetage.

Le 22 décembre 1939, les deux sociétés de remorquage du littoral atlantique sont regroupées dans une seule société qui devait s'appeler Union Française de Remorquage et prend le nom d' Union des Remorqueurs de l'Océan (société anonyme transformée en 1940 en Société à responsabilité limitée) dont le premier gérant est M. Maurice Fougère, auquel se joindra en 1942 comme deuxième gérant Maurice Cangardel. M. Joseph Dousset est nommé directeur général.

Dès lors, sous l'impulsion d'Henri Cangardel et de son fils Maurice qu'il a placé à la tête de ces affaires, l'URO va prendre un grand développement.

En 1939, un rapprochement entre l' EGTM et la Compagnie Nazairienne de Remorquage permet à l'URO de s'implanter à Bordeaux avec six remorqueurs : "Bassens", "Cauderan", "Bec-d'Ambes", "Sarcelle", "Verdon" et "Périgord".

La flotte comprend alors onze remorqueurs à vapeur et charbon, à Bordeaux : "Bassens", "Cauderan", "Bec d'Ambès", "Sarcelle" et "Verdon", à Saint-Nazaire :  "Hoëdic", "Jannick", "Pornic", "Piriac" et "Glazic"; à Brest : "Roscanvel". Pour une puissance totale de 5.230 CV répartis entre les stations de Bordeaux, Saint-Nazaire et Brest, flotte assez disparate qui a été constituée au mieux des occasions possibles et des disponibilités financières, un seul remorqueur a été construit en 1931 sur les propres plans de ses services techniques : c'est l' "Hoedic" de 825 CV. Tous ces remorqueurs à vapeur chauffent au charbon.

 

Les hostilités de 1939 à 1945 bouleversent, puis interrompent complètement la poursuite de l'exploitation.

Elles causent aussi de sérieux dommages puisque 4 remorqueurs sur 11 sont perdus par faits de guerre. A la Libération, par suite des destructions de guerre, la flotte était réduite à 7 remorqueurs pour 3.010 CV.

A Bordeaux, remorqueurs restant après guerre : "Cauderan" " et "Bec-d'Ambes". Aux Tuyaux Bleus : "Siroco" & "Vulcain".

Ils sont retrouvés sérieusement avariés, certains comme le "Pornic" ayant coulé à deux reprises à la suite des bombardements. En définitive, compte tenu du renflouement du "Roscanvel" à Brest, la société se retrouve après la libération avec 8 unités seulement pour assurer le service de port à Saint-Nazaire, Bordeaux et La Pallice l'exploitation de Brest ayant été provisoirement abandonnée.

Le travail qui s'offre aux activités de la société est alors considérable. Nos ports en grande partie détruits par l'occupant au moment de sa fuite, quand ils ne l'ont pas été auparavant par les bombardements alliés, sont encombrés d'épaves qui font obstacle au déblaiement et à la reconstruction des quais et obstruent souvent la navigation dans les chenaux d'accès. La première tâche - elle est gigantesque - consiste à relever ces épaves et à renflouer tous les navires récupérables.

L'URO s'y attelle avec énergie. Elle commence par créer de toute pièce une section "renflouements" pour les opérations qui lui ont été assignées par la Marine nationale en Gironde et qui mobiliseront sous la direction effective de Maurice Cangardel, jusqu'à 22 scaphandriers et 350 ouvriers en s'étendant sur près de quatre ans d'octobre 1944 à avril 1947.

La situation générale de la France était alors dramatique, la guerre se poursuivait et les communications particulièrement difficiles. Pour aller de Paris à Bordeaux en chemin de fer il fallait 24 heures, passer par Toulouse avec un transbordement à Orléans les ponts étant coupés. Le matériel entreposé à Nantes et Saint-Nazaire avait disparu à la suite des bombardements et celui de La Pallice avait été prélevé par la puissance occupante. Heureusement les pompes et les compresseurs de la Marine américaine prêtés au Gouvernement français ont permis de réaliser un grand nombre d'opérations. La bonne volonté de tous permit de mettre en route très rapidement des équipes dirigées soit par un commandant de l'U.l.M., ou un chef-mécanicien, ou un des ingénieurs recrutés à cet effet.

La Marine nationale passe avec l' URO un contrat de gérance afin d'exploiter pour le compte des militaires les navires qu'elle possède, les remorqueurs faisant l'objet de ce contrat provenant de prises de guerre ou de navires renfloués : le "Moussaillon", l' "Orne", le "Tumulus", le "Wilhem", le "Pen Hir", le "Cèdre" et le "Hêtre". Le remorqueur "Morinie" de la Chambre de Commerce de Boulogne est loué à l' URO.

De nombreux chantiers furent ouverts pour dégager le chenal d'accès au port de Bordeaux, ainsi que les quais et 24 renflouements ou déplacements furent exécutés. Certains chantiers urgents étaient poursuivis de jour et de nuit sans aucune interruption. Beaucoup de navires ne purent être renfloués et durent être démolis, en raison de la gravité de leurs avaries. Le travail en rivière se révéla extraordinairement difficile avec le courant violent et une eau opaque qui ne permettent qu'un travail au toucher. D'autres unités, enfin, coulées le long des quais étaient constituées de chalutiers ou avisos envasés jusqu'au pont et dont le déplacement ne fut possible qu'avec un dispositif original qui consista à faire flotter ces épaves grâce à 4 chalands à déblais du Port Autonome pris 2 à 2 et équipés de 4 poutrelles de 24 mètres de long sur lesquelles étaient passées des élingues au moyen de cosses brevetées par l'URO ; il était ainsi possible de soulever des épaves déplaçant plus de 1.000 tonnes dont certaines ayant chaviré durent être redressées avec de grosses difficultés.

Les remorqueurs "Bassens", "Opiniatre", "Saint Quay", "Solide", participeront à l'assistance ou au déséchouement des "Berthe Antoinette", "Héron", "Goéland", "Vanger", et plusieurs autres. Il faudra trois années d'effort pour mener à bien ces travaux, d'octobre 1944 à avril 1947. Au printemps 1947 le "barrage" de Lagrange est ouvert à la navigation et le trafic du port peut reprendre.

En mai 1947 c'est à Bayonne que se portèrent les efforts de l' URO pour dégager du chenal trois épaves qui déplaçaient environ 1.000 tonnes chacune. Utilisant les chalands et les poutrelles URO ces renflouements furent terminés en mai 1948, certaines opérations ayant été réalisées avec des risques importants, puisque plusieurs poutrelles chargées au-delà de leur capacité durent être reconstruites, mais la mission avait été remplie.

D'autres opérations analogues sont menées avec succès à La Pallice et permettent le sauvetage d'autres navires, de dragues, d'engins de port, etc.

En attendant de pouvoir faire construire de nouveaux remorqueurs et pour parer au plus pressé l'URO commence par prendre en gérance des remorqueurs de la Marine nationale et du Port Autonome de Saint-Nazaire. Elle fait ensuite l'acquisition à la Marine marchande de diverses unités provenant de prises de guerre; d'autres sont achetées aux Domaines provenant des surplus américains; d'autres aux Ponts et Chaussées, la plupart sont des unités à moteur Diesel et le personnel machine se familiarise très vite avec ce nouveau mode de propulsion.

Les remorqueurs de type américain prévus pour travailler comme pousseur ou en remorquant amarré en couple seront transformés dans les ateliers de la compagnie en supprimant la partie du rouf situé en arrière de la cheminée pour permettre l'installation d'un croc de remorquage.

Cependant, la nécessité se fait bientôt sentir de disposer pour la station de Saint-Nazaire d'une unité moderne, à moteur, pouvant servir à la fois de remorqueur de port et d'assistance en haute mer.

C'est alors, en 1952, la commande aux chantiers hollandais de Biesboch, à Dordrecht, de la première unité d'après guerre, sur les plans de Maurice Cangardel : le "Du Guesclin" de 1.800 CV, d'une vitesse de 13 nœuds et disposant d'un rayon d'action de 20 jours de mer.

A partir de ce moment, la flotte de l'URO va s'enrichir d'une série d'unités nouvelles dont les caractéristiques de plus en plus poussées, et les techniques perfectionnées lui conféreront un potentiel accru qui permet de suivre l'accroissement considérable de la taille des navires à desservir.

Les étapes du renouvellement et du développement de la flotte basée en métropole ressortent des chiffres suivants :

En 1939, 11 remorqueurs en service totalisant une puissance de 5.230 CV;

En 1945, après la libération, était rachetée la branche de remorquage de La Pallice à la Compagnie Charentaise de Transports Maritimes.

En 1945, 7 remorqueurs pour 3.010 CV; l'activité portuaire à Saint-Nazaire et Donges occupe à plein temps six remorqueurs, la flotte est renforcée par un nouveau "Hoëdic" et le "Croisic".

En 1950, 18 remorqueurs pour 16.430 CV;

Au début de 1952, le nombre de remorqueurs en service est de 14, pour une puissance totale de 10.590 CV. La plus puissante et récente de ces unités est alors le remorqueur "Du Guesclin", mis en service début 1952, à moteur diesel et qui possède de puissantes pompes de sauvetage et incendie, T.S.F., radiophonie, sondeur ultra-son, goniomètre et radar.

L'adoption des tuyères Kort orientables, à partir de 1958, notamment, représente un très gros progrès, permettant d'augmenter sensiblement la traction au cheval et les qualités évolutives.

En 1959, avec dix-huit remorqueurs en service, URO était passée de 5.000 ch. à 16.500 ch. Le charbon avait disparu remplacé par le diesel.

en 1960, URO s'implante à Bayonne avec le remorqueur "Caudéran",

en 1965, URO rachète les Tuyaux Bleus de Bordeaux,

Au nombre des dernières unités livrées figure en 1965, le "Duguay Trouin", qui était avec ses 2.900 CV un des plus puissants remorqueurs français, suivi du "Duquesne" en 1969 et du "Colbert" en 1971 qui possédait avec une puissance analogue des dispositifs nouveaux permettant d'être utilisés en remorqueurs de chantiers. La flotte de remorqueurs portuaires se modernise également: l' "Oléron", livré en 1965, a été le premier remorqueur à automatisation poussée, suivi de l' "Ouessant" en 1968, du "Groix" en 1971 qui sera suivi du "Bréhat", Ces remorqueurs se répartissent sur la côte Atlantique entre les stations de Brest, Saint-Nazaire, La Pallice, Bordeaux et Bayonne.

En 1967, fusion des Tuyaux Bleus et de l' URO. Reprise des quatre remorqueurs exploités par la compagnie de remorquage Les Tuyaux Bleus*. Le programme de renouvellement des unités s'amplifie. Après le "Pornichet" en 1966, URO acquiert l' "Ouessant" (2000 CV) en 1970, le "Bayard" (1900 CV) en 1972, le "Groix" (2000 CV) en 1973.

En 1967, 21 remorqueurs pour 26.150 CV;

En 1970, la société possédait 23 unités opérant en métropole, dont la puissance totale, environ 32 000 Cv, était égale à trois fois celle de 1950, avec des remorqueurs exploités à Brest, Saint-Nazaire, La Pallice, Bordeaux et Bayonne.

En 1973, 24 remorqueurs 38.300 CV,

L'URO qui ajoute aux  24 remorqueurs en service dans les stations de métropole et de Port-Gentil, les 11 remorqueurs utilisés à Dakar, Abidjan, Cotonou et Douala, et les 3 de Tunisie, figure au tout premier rang des entreprises européennes de remorquage.

En 1977, à Bordeaux, la compagnie arme le "Bayard", le "Groix", le "Guérande", le "Hassi-Messaoud", le "Lacanau", le "Ouessant" et le "Pornichet" pour une puissance de 11.000 CV.

En 1978, l'URO qui armait vingt deux remorqueurs pour les ports métropolitains à Bordeaux, Bayonne, Brest, La Rochelle-Pallice et Saint-Nazaire, avait trois filiales en Afrique.

En 1985, l' URO gère une flotte de 20 remorqueurs dont "Roscanvel", propriété de l' U.I.M., exploité par l' URO. Elle continue sa double activité de remorquage portuaire et de remorquage en haute mer ainsi que les opérations de sauvetage au large des zones portuaires où elle est installée.

Ses filiales, l' Union des Remorqueurs de Dakar fondée en 1947, l' Union des Remorqueurs d'Abidjan fondée en 1950, l' Union des Remorqueurs de Conakry fondée en 1953, l' Union des Remorqueurs de Douala créée en 1957, assurent les services de remorquage dans les ports du Sénégal et de la Côte d'Ivoire. L' URO et ses filiales africaines exploitent également une flotte de remorqueurs de chantiers off-shore (dont "Courbet") ainsi que des vedettes rapides pour le personnel des plateformes sur les champs pétroliers en haute mer du Cameroun, du Gabon et du Congo.

L' URO arme par ailleurs les trois remorqueurs de La Skhirra (Tunisie).

En 1984, URO est à propriété 30,74%  U.I.M.

En 1987, Le 1er avril vît la fin de la saga U.R.O. le groupe financier « Elysées Investissements » rachète « les Abeilles » et l’U.R.O mais ne conserve que le nom Abeilles. Dès lors, nos chers remorqueurs vont de ruches en ruches, de fonds de placement en pseudo armateurs. En 2008, le tout remorquage portuaire de Dunkerque à Marseille tombe dans l’escarcelle de la compagnie espagnole Beluda, véritable armateur paraît-il? Le bel idéal européen se limiterait-il à la libre circulation des biens ? Et les hommes alors ? (wiki brest)

En 1988, siège, 32, rue de Friedland, 75008, Paris, PDG M. Georges Carus, a été vendue au groupe Progemar (Les Abeilles).

La société Les Abeilles sera rachetée par Groupe Bourbon en 1996. Groupe Bourbon devient BOURBON en 2005 et s’impose comme un des leaders internationaux des services maritimes. Le siège est transféré de La Réunion à Paris.

Le remorquage de Brest, Nantes/Saint-Nazaire, La Rochelle, est alors assuré par la Division Remorquage & Sauvetage de BOURBON. Depuis avril 2002, la société rouennaise Thomas assure le remorquage sur tous les sites du Port de Bordeaux qui était assuré jusque là par les Abeilles du Groupe Bourbon.

Composition de la flotte.

 

Guide du pétrole: offshore, gaz, pétrochimie, URO 1988

Sources : Henri cangardel Armateur, Ch Offrey. Cinquantenaire de l' UIM , Ch. Pourcher.. Bulletins UIM. Archives privées. CCAF.

 

 

© UIM.marine - Site mis à jour le 28/05/2012   retour index  plan du site 

Si vous possédez des informations ou des cartes postales ou photographies inédites concernant ce navire ou ce dossier

et que vous acceptiez  de les partager en les publiant sur ce site, merci de prendre contact. uim.marine[at]free.fr

Venez partager vos connaissances sur cette compagnie ou vos souvenirs de navigants sur le forum UIM.