L'Union Française Maritime

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Cette société fut créée pour l'achat et l'exploitation d'un lot de navires attribués à la France et délaissés par les armateurs. Elle est formée de : l'Union Maritime Française, le 26 octobre 1922, avec la Compagnie Générale Transatlantique, la Compagnie Auxiliaire de Navigation à Vapeur, la Compagnie Nantaise de Navigation à Vapeur, les Ateliers et Chantiers de Bretagne, Penhoët, la Société Maritime et Coloniale, la Société Générale de Remorquage et Travaux Maritimes, les Messageries, les Chargeurs Réunis.

Cette société est chargée d'exploiter les remorqueurs pour les opérations portuaires, hauturières et sauvetage entre Brest et Oléron.

Le capitaine Louis Lacroix, directeur de  l' UFM en Basse-Loire, est responsable des services de remorquage entre Brest et Oléron.

Cette société durera jusqu'en 1934. Il lui faudra sept ans pour liquider peu à peu ce matériel difficile à caser.

 

 

L' U.F.M. avait également la garde de nombreux navires désarmés à Saint-Nazaire et à Nantes, notamment dans le canal de La Martinière.

Agence à Brest, 28 quai de l'Ouest.

Agence à Nantes, place Waldeck-Rousseau.

Direction à Paris, 36 rue de Naples

Henri Cangardel fonda avec l'U.F.M. et la Compagnie Les Abeilles une société en participation, la Société Nazairienne de Remorquage (SNRS) qui disposait de trois remorqueurs l' "Abeille-VII", l' "Atlas", et le "Pelican", ces deux derniers venant de la flotte d'état et de la C.G.T., qui huit mois plus tard fut renforcée par l'achat, en juillet 1925, à la Compagnie Dunkerquoise de Remorquage de ses deux remorqueurs "Nord" et "Commerce".

Cette société était spécialisée dans les opérations de remorquage et d'assistance; Elle donna elle-même naissance à d'autres sociétés regroupées en 1939 (22 décembre) sous le sigle de l'URO (Union des Remorqueurs de l'Océan). Elle créa pour l'utilisation des remorqueurs achetés, des centres de remorquage et de sauvetage à Brest, Saint-Nazaire, Bordeaux et Marseille. M. Maurice Cangardel en devint le gérant.

Louis Malbert de l'Iroise, immortalisé par le roman de Roger Vercel "Remorques", entré à l' U.F.M. en 1924, illustrera magnifiquement le travail de ces bâtiments

 

Navires

Date entrée

Navires

Caractéristiques

 

 

 

1922

L'Orage - 1000 CV

1921, Chantiers et Ateliers Augustin Normand, Le Havre. Basé à Saint Nazaire.

1922

L'Auroch - 1000 CV

1922, SA des Forges & Chantiers de la Méditerranée, Le Havre.

1922

Le Puissant - 1000 CV

1920, SA des Forges & Chantiers de la Méditerranée, Le Havre. Basé à Lorient.

1922

L'Obstiné - 1000 CV

1920, Société Provençale de Construction Navale a La Ciotat (FRA).

1922

Le Violent - 1000 CV

1921, Dubigeon, Nantes.

1922

Le Vent - 1000 CV

1920, Chantiers et Ateliers Augustin Normand, Le Havre.

Loué au pilotage de la Gironde. Basé à Royan.

1922

Le Tourbillon - 1000 CV

1920, Chantiers Augustin Normand au Havre,

Armé par la Société Nouvelle d'Armement de Nantes. Basé à Saint-Nazaire puis à Belle-île.

1922

Centaure

1918, Forges et Chantiers de la Méditerranée, La Seyne.

1924

Iroise - 1 550 CV

1911, Odessa. Basé à Brest.  1935, Vendu Zagamé, Alger.

1924

Atlas

1908, Werf v/h Rijkee & Co, Rotterdam

1930

Roscanvel - 500 CV

1930, Hassalt (Hollande).  1935, Vendu Entreprise de Travaux Maritimes.

   

Le plus beau fleuron de l'Union Française Maritime fut son remorqueur d'assistance "Iroise" qui s'illustra par ses opérations de sauvetage, sous le commandement du célèbre Louis Malbert, qu'évoque Roger Vercel dans son fameux roman Remorques.

 

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Les bureaux de l'U.F.M. à Brest, en 1922. [DR] - Coll. UIM, 50/17

Le service d'assistance et de sauvetage des bâtiments date du passage de M. Rio au Secrétariat à la Marine Marchande et son organisation fut confiée, par lui, à l'Union Française Maritime, en laissant à nos grands ports de guerre le soin d'intervenir dans tous les sinistres à proximité de leurs centres d'action.

En 1923, une convention signée entre le ministre compétent et l’Union Française Maritime attribua à cette dernière un puissant remorqueur ex-prise de guerre, qui fut baptisé l' "Iroise". Cette unité, dont les caractéristiques principales étaient les suivantes :

longueur 57 mètres, largeur 9 m. 34, déplacement 1.100 tx, était munie de deux remorques en acier de 50 mm de diamètre et de deux remorques en manille, une de 406 mm et l'autre de 509 mm de circonférence, susceptibles de traîner les plus puissants navires en difficulté. L' "Iroise" fut confiée au capitaine Malbert, marin éprouvé par de longues années de navigation au-delà des caps, et stationnée à Brest dans un des bassins du Commerce, tenue toujours à flot et prête à monter en pression au premier signal d'alarme donné de jour comme de nuit par la Préfecture Maritime et ses guetteurs.

La même convention de 1923 mettait à la disposition de l'Union Française Maritime plusieurs puissants remorqueurs construits pendant la guerre et qui furent attribués par la suite à divers ports pour des opérations éventuelles d'assistance en haute mer. Un de ces remorqueurs, le "Tourbillon", de même force que l' "Iroise", fut attribué à la Société Nouvelle d'Armement de Nantes qui le stationna à Saint-Nazaire puis, plus tard, à Belle-île, où le capitaine Mainguy, vétéran de la vieille école, ancien commandant de grand voilier cap-hornier, en assura le commandement dans les mêmes conditions que l' "Iroise", équipage complet à bord. Les noms de ces deux remorqueurs sont d'ailleurs les seuls à retenir, car ils étaient disposés uniquement pour le sauvetage et l'assistance.

La tâche était parfois difficile, car il leur fallait être constamment sur le qui-vive, et ces deux navires devaient sortir immédiatement pour se rendre à la recherche des navires en difficulté, envoyant un S.O.S. dont leurs opérateurs de radio transmettaient la teneur à leur commandant, sitôt reçu.

Généralement, ils sortaient dans des conditions plus que difficiles, quand les autres navires cherchent un abri. Aussi les opérations de sauvetage étaient-elles riches en péripéties.

Pendant le remorquage du "Valtellina", cargo italien, désemparé à 130 milles d'Ouessant le 3 octobre 1924, l' "Iroise" tentait de passer la remorque, quand, par suite d'une fausse manœuvre, le câble fila brusquement et l' "Iroise" dut rentrer péniblement six tonnes de filin immergé. Pendant tout le temps que dura l'opération, le remorqueur "Puissant" remplaçait l' "Iroise" mais, seul, ne dépassait pas deux milles et demi. Finalement, ce fut r "Iroise" qui rentra le "Valtellina" à Brest.

Lorsqu'un navire envoyait un S.O.S. c'était alors aussi une véritable compétition entre tous les remorqueurs alertés. C'est ainsi que le 29 novembre 1924, l' "Iroise", parti de Saint-Nazaire, le "Puissant" de Brest, le "Vent" de Royan se portèrent au secours du paquebot "Malte" des Chargeurs Réunis, à 130 milles de Saint-Nazaire. Ils y trouvèrent le "Tourbillon" qui, alerté en rade du Palais avait rejoint le premier le paquebot et lui avait passé la remorque. Assisté par l' "Iroise", le "Tourbillon" ramena le "Malte" à Saint-Nazaire.

Deux mois plus tard, l' "Iroise", en stationnement à Brest, le "Puissant" à Lorient se portent au secours du cargo "Dahomey", des Chargeurs Réunis, désemparé au large de Groix avec avaries de machine, voie d'eau et gite de 22° par suite du ripage de la cargaison. Le "Tourbillon", qui était parti du Palais sitôt le S.O.S. intercepté, découvre le premier le navire, tente de le ramener au Palais et casse trois remorques. Le "Dahomey", qui dérive sur les "Pierres Noires", en est réduit à mouiller dans les brisants en attendant que l' "Iroise" puisse l'approcher, ce que l'état de la mer ne permet pas vingt-quatre heures durant. Le "Dahomey" avait mis bas les feux à cause de l'inondation des chaufferies. Il dut couper ses chaînes et ne plus compter que sur la puissance de l' "Iroise" et la résistance de sa remorque.

La semaine suivante, le 14 janvier, l' "Iroise", le "Puissant", "Orage" et "Vent", partent de Brest, Lorient, Saint-Nazaire et Royan au secours du paquebot belge "Thysville", échoué à la pointe de Chassiron. Après l'avoir découvert, ils réunissent leurs efforts pour renflouer ces 7.900 tx : toutes leurs remorques cassent à l'exception de celles de l' "Iroise". L' "Orage" et le "Puissant" regagnent La Pallice pour y chercher de plus solides remorques. L' "Iroise" et le "Vent" mouillent à proximité du "Thysville". Pendant la nuit, le commandant du "Thysville" fait délester une partie de la cargaison et, à la marée du matin, le navire se dégage tout seul, à la faveur d'une montée anormale de l'eau pendant le coup de vent de S.-O.

En 1926, l' "Iroise" au secours du vapeur hollandais "Boeton" en feu sur rade de Brest, chargé d'huile et de poudre, dut utiliser à la fois ses installations contre l'incendie et ses appareils d'épuisement pour éviter que les cloisons des cales ne cèdent sous la pression de l'eau.

Malgré les difficultés que doivent vaincre les remorqueurs d'assistance, leur tâche n'est pas toujours rémunératrice et les sociétés qui l'entreprennent ont parfois à envisager de lourdes charges financières.

En France, malgré l'endurance et le dévouement des équipages de sauvetage, la compétence de leurs capitaines, les résultats ne payèrent pas, bien que les opérations fussent la plupart du temps couronnées de succès. II faut compter en effet sur les énormes frais d'exploitation qui grèvent ces vapeurs au cours des périodes parfois longues, heureusement, pendant lesquelles les S.O.S. ne se font pas entendre. C'est pourquoi, au bout de quelques années de longs services, "Tourbillon" et "Iroise" furent désarmés et remplacés par de puissantes unités appartenant à des sociétés faisant en outre le remorquage journalier et le relevage d'épaves. D'après cette nouvelle formule, la société des Abeilles du Havre fit construire un des plus puissants remorqueurs à flot et les navires en détresse sur nos côtes purent compter sur leur secours en cas de besoin sans oublier l'assistance éventuelle de nos cinq grands ports de guerre.

" Les tragédies de la Mer aux derniers jours de la voile, Louis Lacroix, Durance, Nantes, 1958."

 

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