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Henri Cangardel |
Henri CANGARDEL
L'Administrateur de l'inscription maritime
Henri Cangardel, ce terrien d'origine, avait
répondu à à l'appel de la mer comme si une mystérieuse prémonition lui faisait
entrevoir le rôle éminent qu'il serait un jour appelé à jouer dans l'Armement.
Sorti en 1904 major de la première promotion du Corps des Administrateurs de l'Inscription Maritime après sa scission, en 1902, du Corps des Commissaires de la Marine, il s'imposa partout à l'attention de ses chefs, qu'il s'agisse de postes de début ou de fonctions plus importantes qu'il assuma ensuite notamment à Marseille, Alger ou Bordeaux pour ne point parler des nombreuses missions qui lui furent confiées.
S'initier aux multiples rouages administratifs de la Marine Marchande sous ses aspects les plus divers, demeurer au contact étroit avec les marins de la pêche et du commerce allait constituer pour le futur armateur une expérience enrichissante qu'il mit pleinement à profit.
Jeune officier à l'esprit lucide et pondéré, au cœur généreux, il faisait en toute circonstance montre de sa juste compréhension des choses et des hommes et témoignait d'un sens social qui fût l'une des principales caractéristiques de son attachante personnalité.
Apaiser avec sagesse et équité les différends et les conflits a toujours constitué l'une des tâches majeures des services de l'Inspection Maritime et les jeunes administrateurs se trouvaient ainsi, dès leur prise de fonctions initiés à l'exercice d'un arbitrage impartial et amenés à constater l'importance de la conciliation et de l'entente pour la bonne marche du navire.
C'est à cette école que fût formé Henri Cangardel dont la réputation n'allait pas tarder à dépasser les limites de la France métropolitaine.
Au retour d'une mission aux Etats-Unis, il fût appelé par le Maréchal Lyautey à mettre sur pied une réglementation alors inexistante, celle de la Marine Marchande chérifienne ; le dahit qui s'ensuivit constituait une œuvre remarquable dont s'inspirèrent, par la suite, les autres territoires d'Outre-Mer.
Rentré en France, il quitta en 1919 les services de l'Inscription Maritime où il avait donné pendant 17 ans la preuve de ses exceptionnelles qualités de travail et d'intelligence pour prendre — tâche difficile entre toutes — la direction d'une flotte disparate de navires hâtivement construits pendant la guerre.
Il allait en faire œuvre entièrement personnelle et novatrice en créant sa propre maison. Il fut non seulement le fondateur mais encore, dans toute l'acception du terme, le père de l'Union Industrielle et Maritime, armement en plein essor qui constitue une grande famille unie.
Il y réussit au-delà de toute espérance et ce succès manifeste le désigna pour la présidence de la Compagnie Générale Transatlantique, charge suprême qui ne lui fit jamais oublier ses camarades demeurés en service dans les quartiers du littoral.
Les administrateurs de l'Inscription Maritime qui ont eu le privilège de le connaître garderont de lui un souvenir plein d'affection et de regrets. Les jeunes qui n'ont pas eu l'occasion de l'approcher parlent de lui comme d'un grand ancien profondément respecté.
Les uns et les autres lui demeurent reconnaissants d'avoir si brillamment illustré le Corps auquel ils appartiennent et qui fut à l'origine de son éclatante carrière.
H. de COUX,
Administrateur Général de Première Classe, de l'INSCRIPTION MARITIME C.R.
Source B-60, avril 1971.
