Henri CANGARDEL Le Quercynois
Henri Cangardel est né en 1881 à « Marminiac-en-Quercy ». J'ai voulu ces derniers jours faire un pèlerinage à Marminiac, revoir la belle et majestueuse maison de Bonafous, et me pénétrer du paysage qui a marqué Henri Cangardel enfant. C'est aux confins du Sarladais, dans le Bouriane, que Marminiac se blottit dans un paysage de prairies, de futaies de chênes, et de bois de pins, paysage sévère où s'élève, au chevet d'une église forte, la maison familiale : un grand corps de bâtiment flanqué de deux tours ; dans l'une d'elles, le bureau notarial du père d'Henri Cangardel, avec son mobilier d'antan. Devant la maison, une vaste prairie s'étend en pente douce jusqu'à la colline qui ferme l'horizon. Voici quelques années, Henri Cangardel avait décidé de planter ces quelques hectares, et un bois de pins et de sapins témoigne et témoignera d'une des dernières créations de l'homme d'action qu'il fut jusqu'au bout de la vie. Ce cadre a sans doute contribué à la formation du jeune homme. Il fit ses humanités à Cahors, au lycée Gambetta, où le roulement de tambour rythmait toujours la vie des élèves, internes et externes, il y laissa le souvenir d'un des plus brillants élèves, et chaque fin de semaine le ramena à Marminiac où il retrouvait une atmosphère familiale à la fois tendre et digne. Il sera marqué par ces années qui forment son caractère ; toute sa vie, il restera le travailleur volontaire et obstiné du lycée Gambetta. Servi par un physique agréable et une taille élevée, rare en Quercy, il imposait d'emblée une autorité que son comportement confirmera à tous les échelons d'une carrière prestigieuse. Il y ajoutera le goût de « diriger » et une extraordinaire aptitude au commandement, tempérée par de rares qualités de cœur, qu'il s'efforçait de toujours cacher. Il a prouvé ses qualités intellectuelles, en dehors du commandement et de l'organisation des sociétés d'armement qu'il créa et dirigea, par la publication d'un livre intitulé « De Colbert à Normandie » et d'un essai théâtral consacré à Charlotte Corday. Tel m'est apparu le Quercynois Henri Cangardel. J'aurais voulu savoir mieux montrer comment l'alliage d'une personnalité et d'un terroir a pu donner naissance à des hommes qui honorent l'Histoire de France : de Lucterius à Gambetta, de Clément Marot au maréchal Bessières, de Jean XXII à Murât, de Monzie à l'amiral de Verninac-Saint-Maur. Le Quercy est fier de pouvoir ajouter le nom d'Henri Cangardel à ces hommes hors série, et je ne puis cacher à quel point l'amitié qu'il voulait bien me porter m'a donné de bonheur.
Professeur Henri REDON Membre de l'Académie Nationale de Médecine, Président de la « Diane du Quercy ». Source B-60, avril 1971.
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